MoDem : Pour un Conseil national provisoire

Publié le 16 janvier 2008 par Willy


Par Eric Julliard



Ce titre peut paraître paradoxal au vu de l’enjeu et surtout du besoin que nous avons tous d’avoir des institutions. Le Conseil National est nécessaire pour que le Mouvement Démocrate puisse avancer en prenant des décisions légitimes grâce à des institutions légitimes. Et pourtant, les conditions d’élections de ce Conseil national sont telles que beaucoup des adhérents que nous rencontrons sont perplexes, voire hésitants.


Cet article n’engage que ses signataires (qui réagissent à l’article de Farid Taha. Elle n’engage pas les listes Régions en Mouvement, auxquelles nous participons.

Nous ne proposons pas un report des élections, mais un an de plein exercice pour gérer l’urgence, puis de nouvelles élections organisées dans le calme.


L’annonce des élections pour le Conseil National a été faite de telle manière au sortir du Congrès fondateur que nombre d’adhérents découvrent seulement aujourd’hui que ces élections sont en cours, pour un organe pourtant vital du Mouvement Démocrate ("Scrutin régional, enjeu national"). C’était le 2 décembre 2007. Nous avons appris, pour les plus attentifs d’entre nous, qu’il fallait constituer des listes dans 28 régions pour un scrutin à la proportionnelle, et ce pour le 31 décembre. Soit moins d’un mois.

Or, en un mois, bien peu ont été capables de réunir sur une liste rassembler des adhérents représentatifs de la nouvelle diversité politique qui est la nôtre : démocratie-chrétienne, social-démocratie, écologie, société civile, etc. Et encore, il fallait aussi y ajouter la diversité territoriale, car ces élections visent, à juste titre, à donner sens à l’entité régionale. Bref, un mois pour faire des listes sur 28 régions, c’est bien trop court. Surtout pour un parti naissant.

Ensuite, quand bien même ces listes ont-elles vu le jour, il faut faire campagne. Or le vote a lieu deux semaines après le marathon de la constitution des listes ! Deux semaines pour organiser une équipe de campagne, tracer une ligne de communication, imprimer des professions de foi, monter un site Internet, vérifier les envois aux adhérents via les fédérations, tout cela pour créer un dialogue avec les adhérents répartis sur une région entière ! Certes il y a Internet. Mais une campagne, c’est avant tout des rencontres humaines. Et pour se rencontrer, il faut du temps. Bref, deux semaines de campagne, c’est bien trop court. Surtout pour un parti naissant.

Enfin, il faudra qu’il y ait des électeurs pour voter et départager ces listes du 17 au 19 janvier. Aucun envoi papier ne sera fait aux adhérents, sinon à l’initiative des fédérations. Et la presse se désintéresse singulièrement de nos affaires internes. Comment allons-nous simplement informer les adhérents qu’il faut aller voter ? Car c’est notre démocratie interne qui est en débat, et au-delà, la ligne politique du Mouvement Démocrate. Et pour peu qu’ils soient informés, qu’ils aient reçu les différentes professions de foi, qu’ils décident de voter, savent-ils où aller ? Bref, trois jours de vote sans information, c’est bien trop court. Surtout pour un parti naissant.

Alors, oui, il y aura des élus. Ceux choisis par les fédérations, dans le consensus étroit des cercles de pouvoirs. Ceux élus sur les listes dites transverses, qui échappent aux clivages, telles que Régions en Mouvement et Citoyens Démocrates parmi d’autres, qui n’ont vu le jour que grâce à l’énergie et la détermination de leurs initiateurs et participants, tous praticiens intransigeants des principes énoncés par François Bayrou et Corinne Lepage, tels les Mousquetaires du MoDem !

Mais seront-ils, les uns comme les autres, représentatifs de la diversité des adhérents ? Seront-ils réellement le « Parlement » de notre Mouvement ? Aurons-nous appliqué l’esprit des statuts que nous nous sommes choisis ? Nous ne le pensons pas. Face à ce constat collectif et un peu triste, Farid Taha a suggéré : « Et si nous écourtions la durée de nos mandats ou que nous les remettions en jeu après les municipales ? », ainsi qu’il le développe sur son blog : "Une proposition qui ne manque pas d’R". Cette idée audacieuse répond à nos préoccupations, comme à celle de Jean-François Le Guen.

Eh bien, c’est ce que nous proposons : après une année de plein exercice, remise en jeu collective des mandats, soit le temps de gérer les municipales (mars), de procéder aux élections des instances départementales (avril), puis de la Conférence Nationale (juin). À cette date, nous présenterons une motion simple : dissolution du collège des adhérents du Conseil National et organisation de nouvelles élections, avec des conditions d’informations des adhérents, de communication et de délais suffisants pour la constitution de listes (2 mois), pour la campagne (1 mois) et pour le vote (1 semaine). La campagne commencera en septembre pour une élection début décembre. L’objectif est que le nouveau Conseil soit constitué avant fin 2008, afin de réserver 2009 aux échéances européennes (et notamment créer une plate-forme commune aux 27 partis démocrates européens).

Pendant cette année d’exercice, il faudra travailler sans relâche. Outre la gestion des échéances ci-dessus, le premier devoir du Conseil National est de mettre de l’ordre dans l’organisation et le fonctionnement opérationnel de notre parti :
 au niveau fédéral : information régulière des adhérents, locaux de réunion fixes, accueil et formation par un responsable ;
 au niveau national : mise en place d’une direction générale apolitique, consacrée au fonctionnement interne de "l’Entreprise Mouvement démocrate", et d’un accès facilité au Comité de conciliation et de contrôle pour arbitrer rapidement les litiges.

Ce n’est qu’à ces conditions que le parti s’attachera les adhérents qui ont fait confiance à François Bayrou, pour s’attaquer (enfin) au travail de terrain et de réflexion sur les programmes et les échéances électorales. Pour faire de la politique vraiment autrement.

Cette proposition dépasse l’appartenance à une liste, et les autres candidats au Conseil national, soucieux d’une démocratie interne réelle, sont libres de se l’approprier : elle est, comme toutes les idées, de libre parcours. Pour notre part, si nous sommes élus, nous nous engageons à proposer une telle motion et à l’appliquer si elle est adoptée. Mieux vaut naître doucement pour exister complètement à l’avenir.