Pour ouvrir le bal, vous ne serez pas trop déconcertés puisque le choix pour la musique aura été assez simple : le morceau « Nova » d’Amon Tobin sert tout simplement de support instrumental à « Samba da benção ». Sorti en 1997 sur l’album Bricolage du Brésilien, alors déjà signé chez Ninja Tune, j’avoue que la voix de Bebel Gilberto n’apporte pas grand-chose, voire nuit carrément à l’intégrité du travail de décomposition/recomposition de Tobin, qui s’était notamment inspiré d’une musique de Baden Powell. Par contre, pour les néophytes, « Samba da benção » risque de vous ouvrir l’appétit, à juste titre.
« August day song » est un duo avec Nina Miranda. Deuxième confessions : cette dernière possède, à mon goût, un bien plus joli timbre de voix que l’interprète principale qui l’a donc invitée ici. Néanmoins, le duo fonctionne très bien.
Le morceau éponyme, « Tanto tempo », est la première perle du disque. Bebel Gilberto justifie enfin le succès de son premier album, qui à l’époque était devenu le disque de musique brésilienne le plus vendu dans le monde. Sans prendre de risque, je pense que c’est toujours le cas. « Sem contenção » est à nouveau une jolie chanson qui reste dans le rythme, alors que « Mais feliz » repose un peu trop l’ambiance. Mais c’est une belle composition.
Deuxième perle : « Alguém ». Assurément, la meilleure chanson de toutes. La musique est sublime, celle qui nous rapproche le plus de l’univers de São Paulo Confessions, avec un véritable côté nostalgique (d’autant plus quand on connaît l‘histoire de ces chansons…). Avec « Alguém », Suba s’attire le mérite autant que Bebel Gilberto.
« So nice (summer samba) » est un titre très frais, mais malheureusement en anglais, ce qui lui enlève quelque peu de son côté ensoleillé. Un tout petit bémol, certes. D’autant que davantage de monde saura en comprendre les paroles… et voilà sûrement l’un des raisons de ce succès international de Tanto Tempo.
Toujours en anglais, « Lonely » est un morceau produit par les New-Yorkais de Thievery Corporation. Le morceau est sympa, mais ce n’est pas non plus meilleur de l’album. « Bananeira » est évidemment une chanson sans grande prétention, si ce n’est celle de faire danser, sourire, s’amuser, tout en légèreté.
« Samba e amor » annonce la couleur, la voix de Bebel Gilberto est simplement accompagnée de la guitare de Chico Buarque. Très sympa. La chanteuse manque d’homogénéité dans ses interprétations, mais quand elle fait mouche, alors sa voix devient un vrai régal ! L’un des plus beaux moments de l’album, avec des thèmes classiques mais toujours les bien venus.
La production de « Close your eyes », qui clôt l’album, ressemble encore une fois beaucoup à ce qu’on a pu entendre sur São Paulo Confessions. Doit-on fermer nos yeux pour nous endormir ou bien pour continuer le rêve que semble avoir été ce voyage musical ?
Bebel Giberto, qui a vécu à New York, sort un premier album incroyablement pertinent de bout en bout, même si je fais la fine bouche sur plusieurs morceaux. La présence de musiciens déjà présents sur l’album de Suba, ainsi et surtout du producteur lui-même, place Tanto Tempo au niveau de São Paulo Confessions : certes, ce dernier lui est supérieur à mon goût. Mais je ne suis pas tout le monde, et je concède que la collaboration entre Bebel Gilberto et Suba est beaucoup plus évidente pour le grand public. Encore que l’idéal est de les avoir les deux… et là, il n’y aura pas de jaloux.
Le meilleur hommage à rendre à Suba consiste à écouter ses deux grandes œuvres. Obrigado Gringo Paulista !
(in heepro.wordpress.com, le 17/12/2010)
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