Wyclef Jean « enflamme » Dakar

La Place de l'Obélisque de Dakar a vibré dans la nuit du lundi 13 au mardi 14 décembre aux rythmes des sonorités afro-américaines. Un concert en live y est tenu dans le cadre du 3ème Festival Mondial des Arts Nègres. La principale attraction a été le rappeur américain d'origines haïtiennes, Wyclef Jean qui a gratifié le public d'une prestation digne de ce nom.

S'il y a une activité du 3ème Festival Mondial des Arts Nègres qui mérite une note positive c'est bien le concert qui s'est tenu dans la nuit du lundi 12 au 13 décembre à la Place de l'Obélisque. Le spectacle était de qualité avec des prestations de groupes comme Bembeya Jazz National de la Guinée, Xalam 2 du Sénégal mais également de Angélique Kidio.

Dans un rythme très engagé, la spectaculaire béninoise a profité de ce plateau pour livrer des messages à la communauté africaine. « Nous Africains, partout où on se trouve dans le monde, nous devons être fiers de ce que nous avons donné à l'humanité ». Avant d'ajouter : « Il faut qu'on soit plus solidaire et plus organisés pour mieux défendre l'homme noir », a invité Angélique Kidio.

La principale attraction de ce concert a été le rappeur américain d'origine haïtienne. Wyclef Jean, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a gratifié d'un spectacle digne ce nom. Malgré l'intermède de plus de 30 mn entre la prestation de Angélique Kidjo et la sienne qui s'est déroulée en dernier lieu, le public a pris son mal en patience. Il en valait la peine parce qu'il a été gratifié d'un spectacle riche en son et lumière sur un podium impressionnant de par sa dimension et son décor.

Wyclef Jean a revisité le riche répertoire du groupe Fugees avec des tubes comme « Nine One One (911) », « Ready Or Not », « Guantanamera ». A travers ses chansons jouées en version remix, tout en rappelant à chaque fois ses origines haïtiennes, il a exprimé son amour au Sénégal, à l'Afrique et à l'homme noir en général.

Dans le tube « Diallo Diallo » où il rend un hommage à un jeune guinéen tué aux États-Unis, Wyclef Jean a loué un message de Peter Tosh qui dans son album « Equal Rights » instruisait les noirs d'arrêter de perdre leur temps à demander la paix mais de réclamer la légalité des droits et la justice.

Tout en enchaînant les morceaux sur scène, Wyclef Jean a également rendu hommage à des leaders africains comme Nelson Mandela. Visiblement dopé par un public acquis à sa cause, il s'est déshabillé et a demandé à l'assistance de faire pareil et agiter leurs tee-shirts pour chanter et célébrer la nouvelle génération d'Africain. C'était à l'image de sa prestation de samedi dernier au Monument de la Renaissance Africaine. Ainsi, dans un mélange de langues comme l'anglais, le français et l'espagnol, Wyclef a divulgué des messages d'espoir pour l'Afrique.

Maintenant le même tempo, la reprise du tube « Ready Or Not » de Fugess met le publique en effervescence qui a repris les paroles en cœur. Pour rendre la politesse au chanteur, les spectateurs ont brandi des portables ou objets lumineux rythmés par des balancements de bras. Une ambiance qui nous a replongé dans celle des années 2000 qui était une période charnière du mouvement hip hop.

Le spectacle était digne d'une vraie leçon destinée à nos musiciens qui généralement ont du mal a emballé leur publique. Ainsi avec sa prestation, les ombres de figures emblématique du rap et du raga à l'image de Lauryn Hill du temps de Fugees, Lil Wayne avec le tube « A Milli », Michael Jackson, Naughty By Nature, Chakira et Bob Marley ont plané au concert à travers un ensemble de compilations de tubes que Wyclef a servi au public. Aidé d'un Dj très habile au scratch et un orchestre en parfaite harmonie, Wyclef Jean s'est pleinement donné.

Même des instruments d'origine haïtienne (trompette à l'image des vuvuzela) et sénégalaise (djembé) ont été mis à contribution pour donner plus de rythme et agrémenter cette belle prestation qui ne cour pas les rues de Dakar.

Lors de ce concert, il a été noté aussi le passage éclair de Sidiély Wade qui, soit par timidité ou par ignorance, n'a pas pu reprendre en cœur les paroles de la chanson qui était jouée lors de sa présence sur le podium malgré le micro que lui a tendu par Wyclef. C'est tout a fait le contraire du rappeur Sénégalais Nix qui a été invité à faire avec Wyclef un free style. C'est aux environs de 2 h 33 minutes que le chanteur américain d'origine haïtienne a pris congé du public tout en souhaitant au peuple sénégalais de passer une bonne fête de noël et de terminer l'année 2010 en beauté.