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Compte-rendu de réunion – La vision gaulliste a-t-elle encore un sens aujourd’hui ?

Publié le 17 décembre 2010 par Nancy-Mosaïque

Quarante ans après la mort du Général de Gaulle, nombreux sont ceux qui s’interrogent pour savoir qui est le dépositaire du gaullisme.  Visionnaire militaire incompris par les hommes de son temps, homme de lettre et fervent admirateur de la philosophie politique de Saint-Thomas d’Aquin, il aura fallu des circonstances exceptionnelles – un conflit mondial et une guerre civile – pour amener le premier des résistants à conduire le destin de la nation française. Porté au pouvoir par les partisans de l’Algérie française n’a-t-il pas donné son indépendance à ces départements ? Il est aujourd’hui difficile d’imaginer ce qu’aurait été sa décision dans un monde changé. Encore plus difficile de définir avec exactitude le gaullisme. Est-ce une philosophie, un idéal, une méthode d’action, une doctrine ? Il reste néanmoins des axes essentiels qui peuvent servir de points d’ancrage ou d’appréciation

Un régime politique forte prédominance présidentielle

De Gaulle construit en 1958 un régime politique axé sur une prépondérance d’un Président au dessus des partis, garant de l’intérêt national.
Les multiples révisions constitutionnelles depuis 1958 – notamment l’institution du quinquennat- ont profondément transformé le régime politique et ont banalisé l’institution présidentielle. Déjà l’institution en 1962 de l’élection du président au suffrage universel avait renforcé sa dépendance par rapport aux appareils partisans. A fortiori, dans le contexte politique actuel, l’idée d’un homme providentiel (formaté par les partis) s’avère des plus contestable, voire saugrenue.

Le volontarisme politique

Pour le général de Gaulle, l’action politique est nécessairement volontariste. L’homme politique doit savoir naviguer même à contre-courant dés lors que l’intérêt national le justifie. Aucun obstacle n’est insurmontable. A l’heure de la dictature des sondages et de la multiplication des sources d’information, il est de plus en plus difficile pour un homme politique de braver l’opinion du moment, sauf à se voir débarqué à la prochaine élection…

L’affirmation de la nation française

Le général de Gaulle est attaché à la pérennité de la Nation française. La lutte contre les ennemis extérieurs est essentielle. La débâcle de 1940 montre les dangers d’une armée sous-équipée. De Gaulle n’aura de cesse de renforcer la capacité de l’armée en la dotant entre autres de la force de frappe atomique.

L’armée française actuelle a vu ses crédits se réduire et la conscription abandonnée au profit d’une armée de métier qui n’a plus rien à voir avec le creuset fédérateur que le général de Gaulle imaginait. La volonté de renforcer l’unité nationale s’accompagnait d’une politique unificatrice avec le refus des identités locales et le cantonnement de la décentralisation On sait que les socialistes vont décentraliser la France sans limites en créant des baronnies locales. Quant à l’identité nationale, elle est battue en brèche par les progrès des communautarismes de tous ordres.

L’indépendance à tous prix

Les années 60 sont marquées par la politique des blocs et la guerre froide. Le Général de Gaulle souhaite voir respecter la stricte indépendance de la France; il critique l’impérialisme américain, quitte le commandement intégré de l’Otan, reconnaît la Chine. Vigilant à l’égard du bloc soviétique, il marque son attachement à la démocratie et aux libertés. Le Fondateur de la France libre ne souhaite pas voir la France se dissoudre dans l’Europe. Il marque son hostilité au renforcement de l’union politique de l’Europe.

Sur tous ces points le monde a changé. La chute du Mur de Berlin a cassé les blocs. La France s’est rapprochée des Etats-Unis et a réintégré le commandement unifié de l’OTAN. La construction européenne a fortement progressé et une monnaie commune a remplacé le franc.

La France : une grande puissance dans le concert des nations

Toute la politique gaulliste vise à placer la France au plus haut et à la situer au niveau des plus grandes puissances. Le nucléaire, Concorde, les grands chantiers doivent donner l’image d’une France égale des grandes puissances appuyée sur son ancien empire colonial. La France actuelle n’est plus qu’une puissance moyenne qui a renoncé à ses relations privilégiées avec le continent africain.

Le refus du gaullisme assimilé à une politique de droite

Le programme social du gaullisme explique que le Général de Gaulle ait toujours bénéficié d’un important électorat issu de la gauche. Après le mouvement social de 1958, le général de Gaulle s’efforcera de réveiller cette fibre sociale avec le développement de la participation des salariés au capital des entreprises ; il quittera le pouvoir sans avoir pu réaliser cette nouvelle ambition.

Tout ceci explique que le gaullisme ne représente plus pour l’opinion publique actuelle un pôle d’attraction. Selon une enquête publiée dans Le Journal du Dimanche (www.lejdd.fr/divers/doc-gaullisme.pdf), les Français font part d’une vision désormais plus historique que politique du gaullisme. Près d’un interviewé sur deux (45 %) juge que les idées gaullistes « ne veulent plus dire grand chose », 28 % les estiment « dépassées ». Seul un quart des personnes interrogées inscrivent le courant gaulliste dans la modernité en le jugeant d’actualité, notamment les personnes âgées et les proches de l’UMP. Le gaullisme est vécu davantage comme une grande nostalgie que comme un espoir.

 Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui, pour reprendre les mots du professeur Larcan, se réfugient sous le parapluie du gaullisme. Certes, il est parfois pertinent d’éclairer l’avenir en s’appuyant sur l’histoire, mais vouloir faire du gaullisme sans de Gaulle sonne comme le simple remake d’une grande épopée, une imitation qui n’a rien à voir avec l’original.


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