Bien souvent, il m’est arrivé de faire remarquer que l’ensemble des médias (et des “spécialistes” de l’ebook) observent la lecture numérique telle qu’elle existe en Europe (tant bien que mal…) ou aux Etats-Unis. Cependant, si l’on élargit son champ de vision et que l’on se transporte dans d’autres régions du monde, on peut se rendre compte que certains pays en développement font des efforts considérables pour être acteurs du changement numérique. De cette remarque, une nouvelle série d’articles s’imposait intitulée, “La lecture numérique vue d’ailleurs”. Pour l’inaugurer, commençons par une nouvelle qui nous vient directement du Pérou.
Il y a quelques jours, le gouvernement péruvien a annoncé avoir distribué plus de 813 000 XO aux enfants du pays (pour une classe d’âge comprise entre 8 et 12 ans) au sein de plus de 8350 établissements. Ainsi, le Pérou devient le pays avec le parc de XO le plus important au monde (dépassant de peu l’Uruguay). Ce déploiement massif fait partie d’un vaste plan gouvernemental, comme le montre l’affiche présentée ci-dessus. La fondation OLPC s’est félicitée de cette nouvelle en indiquant le Pérou pourra bientôt accomplir l’objectif de saturation (un ordinateur pour chaque enfant de 8 à 12 ans). Mais quel rapport avec la lecture numérique?
Chaque XO distribué est préchargé avec plusieurs dizaines d’ebooks, comme nous l’avions expliqué dans un précédent article. Ainsi les enfants ont un accès à la lecture, ce qui n’était pas le cas pour un bon nombre d’entre eux avant que ce petit ordinateur leur soit donné. Lorsqu’ils sont en classe ou se retrouvent après les cours, ils échangent en toute facilité leurs ouvrages, les travaux, leurs découvertes, leurs créations. Ces enfants auront toujours lu sur écran et le papier risque bien de leur être étranger.
Leurs usage de l’outil de lecture numérique sera presque inné. On ne peut pas quantifier les conséquences que peut avoir ce simple petit ordinateur glissé dans la main de toute la jeunesse péruvienne. Alors que nous nous heurtons dans nos pays aux traditionalismes, que le passage à la lecture numérique est difficile tant les usages et l’écosystème qui les doit les alimenter sont difficiles à créer. Enfin, alors que l’on remet en question le goût pour la lecture de notre jeunesse, il est tout à fait envisageable que le renouveau de la lecture, dans des pays comme le Pérou, vienne par les enfants. Qui a donc osé dire que les jeunes ne lisent plus ?