Il faut quand même une sacrée dose de culot aux aboyeurs libéraux pour nous assener sans répit (en utilisant la métaphore pitoyable de la "ménagère sur-endettée") que vous et moi avons vécus au dessus de nos moyens depuis plusieurs dizaines d'années. La malhonnèteté de l'analyse n'a d'égal que l'aplomb avec lequel elle est avancée, car enfin si l'on veut parler sérieusement du budget de l'Etat, il ne peut suffir de se lamenter, façon pleureuse, sur les dépenses publiques, mais bien d'expliquer ici sincèrement la baisse considérable des recettes… enfin une manière constructive d'aborder le thème de la dette.
Avant d'évoquer la crise financière de 2008 et ses conséquences dramatiques pour les budgets de chaque Etat, regardons un peu plus en arrière. Depuis les années 80 la mondialisation des échanges avance à grand pas, tenue par la main par nos décideurs politiques. Elle s'est accompagné d'une profonde mutation de la sphère financière : d'abord la libéralisation des marchés financiers, par exemple par l'abrogation du Glass-Steagall Act, (1) qui avait été créé en 1933 à la suite de la crise de 1929 et avait instauré une incompatibilité entre les métiers de"banque de dépôt" et de "banque d'investissement" ; Ensuite la dérégulation financière et la complexification des instruments financiers, accompagné d'une dématérialisation des échanges ont favorisé l'activité spéculative et conduit la sphère de la finance à dominer l'économie réélle, puis les Etats (illustré diaboliquement par la crise actuelle de la dette des Etats européens).
Aujourd'hui, sur notre planète, il se gagne autant d'argent dans la sphère financière que dans l'économie réèlle. Il y a 20 ans cette proportion était de 20%. Rappelons que ces revenus échappent quasiment à tout impôt dès lors que la plus grande partie est "off-shore". Parrallèlement aux marchés financiers, le monde de l' entreprise s'est profondément modifié : il s'est mondialisé. Les fusions et acquisitions, fruit de la globalisation de l'économie, ont abouti à la constitution de sociétés transnationales (Selon le Rapport 1996 de la CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), quelque 40 000 sociétés transnationales (STN), avec leurs 270 000 filiales, contrôlent l’économie mondiale) dont les 200 premières assurent 27 % du PND mondial. On sait désormais que ces sociétés, grâce au principe des filiales, ont la possibilité de déclarer une grande partie de leurs bénéfices dans des places financières opaques : les paradis fiscaux.
Il apparaît alors assez clairement, que la majeure partie de se qui se gagne sur la planète n'est plus assujettit à l'impôt, ce qui veut dire que les Etats doivent apprendre à financer leur budget autrement. En clair, il ne leur reste que les revenus déclarés par les entreprises sans filiales et les citoyens qui n'ont pas la faculté de domicilier leur compte à Las Végas… ou à faire gonfler la dette !
A cette situation budgetaire périlleuse est venu se rajouter la crise financière et ses dégâts dans l'économie réélle. Ils vont peser lourd dans les dépenses publiques puisque les entreprises qui n'ont pas été asphixiées auront moins de recettes (et paieront donc moins d'impôt) et que les prestations chomage vont nécessairement augmenter. Ajoutons-y les mesures prises pour relancer la croissance et l'on comprendra aisément que le budget va se retrouver face à un vide… qui s'accroît…
(1) Glass-Steagall Act, : http://fr.wikipedia.org/wiki/Glass-Steagall_Act
Merci à ICONOVOX pour l'illustration