Le premier album solo de Benjamin Paulin, "l'Homme Moderne", est une totale réussite avec une aptitude totale à la sérénité et à la vision du monde qui l'entoure : Deuxième et dernière partie de l'interview fleuve.
Gainsbourg, Ferré, homme moderne, années 60, nostalgie, telle serait la phraséologie d'un Benjamin Paulin irrésistible se souciant de ses textes, de ses passages sur scène plus que des effervescences autour de sa personne. D'ailleurs, sa bande FM semble branchée sur le passé tout en étant de son temps. Avec un premier album très classe aux textes parfaits, où les mots percutent les cages à miel comme un marteau sur un mur. Définitivement aérien , Benjamin Paulin se prépare à une grande carrière : de sa musique à sa conception du monde en passant par son premier album sur lequel il nous dit tout. Une sorte de génie sauvage qu'il faut laisser en liberté. La beauté, le talent, le futur succès, tout est paré pour Benjamin. Rencontre deuxième partie, clap !
Parlons un peu de ton excellent premier album « l'Homme moderne ». Quelles ont été tes influences pour sa conception?
Le premier chanteur qui me vient forcément à l'esprit est Gainsbourg. L'album, l'Homme à la tête de Chou est une référence pour moi. C'est une pièce maitresse. Après, il y a toutes les chansons parlées de Ferré. L'écriture est d'une qualité incroyable où il examine des choses. Mais, je voulais aussi marquer une rupture dans la continuité de Puzzle.
D'ailleurs, la pochette de l'album est sans aucun doute un hommage à Initial BB de Gainsbourg, non ?
Oui, je suis heureux que tu le constates. Car, dans toutes les interviews, on ne me parle que du côté James Bond. Je n'y avais pas du tout pensé à faire l'espion. Je n'ai jamais voulu faire mon Sean Connery ou encore mon OSS 117. Gainsbourg était l'évidence pour plusieurs raisons dont le fait qu'il est une référence.
Tu parles de James Bond, c'est amusant car tes chansons me font penser à des films !
J'ai une grosse éducation cinématographique. J'ai été élevé dans le hip hop, la pub et aux séries. Je pense forcément mon écriture comme un mélange de vidéo et de son. Si j'avais le budget, je réaliserais un clip par titre. J'ai des idées pour chaque chanson.
Comment s'est déroulé le processus créatif sur l'album ?
Je l'ai composé de la même manière des albums précédents. Après la mise en place, Régis a développé les morceaux. Je m'entoure toujours des mêmes près de moi. J'en ai besoin, je dois dire. Je cherchais aussi une griffe propre. Et, les années 60 se sont imposées. Elles sont très actuelles. Par ailleurs, c'est une époque où tout était foisonnant : la peinture, l'architecture, la littérature ou encore la musique. Je voulais continuer de survivre dedans en y rajoutant mes rimes. Attention, je n'ai pas le total look, je suis actuel. J'interprète mais je suis de mon temps.
Si tu dois te donner une étiquette, ce serait laquelle ?
Je suis pas trop fan de ça. La classification est clairement un aspect commercial destiné aux radios ou aux journaux. Je veux bien être de toutes les étiquettes. Pas une en particulièr. Par contre, on l'évoque souvent, et cela m'agace, je ne fais pas du slam. Je ne m'en inspire pas du tout. Au contraire. A ce compte là, on dirait que Ferré en faisait. Ou encore que Joe Dassin sur "L'été Indien", c'était du slam!
Sur l'album, tu as un regard assez pessimiste sur l'état du monde actuel ?
C'est vrai, j'ai un regard assez dur, froid parfois même violent. Mais, toujours plein d'espoir. Après, j'utilise pas mal l'humour car il y a de l'espoir à l'intérieur. Je pense que c'est aussi une façon de regarder le monde. De mieux l'appréhender. Cela rend l'insupportable supportable.
Le public s'intéresse pas au bonheur, c'est ce que tu chantes dans "J'ai marché dans l'amour": "Si je racontais de belles choses, vous en aurez rien à foutre" !
On a besoin de morbide, le bonheur ne les amuse pas. Quand t'es heureux, tu veux tout foutre en l'air. On veux toujours tout. Tu es en couple, et l'instant d'après tu t'y ennuie. Le bonheur c'est l'ennui. Il faut toujours évoluer et construire, en quelques sortes. Le malheur est sine qua non au bonheur.
Pour revenir au titre de l'album, es-tu un homme moderne ?
L' homme moderne est un peu comme une psychanalyse. J'y sors le masque, je dresse un état des choses. La modernité est une notion des années 70. Ce qui m'intéresse, c'est le côté désuet de la notion. Nous ne sommes plus dans une période où l'homme moderne est le centre d'attention. C'était une autre époque, maintenant révolue.
Benjamin Paulin - Dites le avec des flingues :
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