Comme toujours, j’ai lu cette bande-dessinée avec le sourire aux lèvres, notamment en raison du vocabulaire imagé et décalé du français ivoirien. Entre les termes fraîches gos (ou freshies), pour désigner les « jolies filles », ou encore l’expression ton dos est glacé (« tu te prends pour qui ? »), il y a de quoi y perdre son ivoirien. Que les non initiés ne s’effraient pas : on retrouve un lexique à la fin de chaque volume.
Outre l’humour et le voyage dans l’espace, Aya offre également un voyage dans le temps. Le récit se déroule dans les années 70, une période où il faisait bon vivre en Côte d’Ivoire, le pays étant alors symbole de prospérité et de stabilité. Ainsi, on perçoit entre les bulles une note de nostalgie, loin des affrontements actuels entre les militants de Laurent Gbagbo et ceux d’Alassane Ouattara.
La chronique sociale reste en effet très présente, puisque Aya permet de découvrir le quotidien des ivoiriens à partir de trois points de vue : celui d’Aya et de son entourage, qui n’ont jamais quitté le pays ; celui d’un ivoirien de retour en Côte d’Ivoire, qui tente désespérément d’abuser de la crédulité de certains de ses concitoyens après son « expérience française » ; et celui d’un ivoirien installé à Paris, qui découvre petit à petit que l’Eldorado français n’existe pas.
Enfin, je pense qu’une BD française qui raconte l’Afrique avec un ton aussi juste mérite qu’on s’y attarde quelque peu.