Magazine Politique

Négociations turco européennes : la tombée des masques

Publié le 16 décembre 2010 par Egea

Les négociations entre l'UE et la Turquie s'enlisent, ainsi que le constate un article du Monde (ici, réservé aux abonnés, mais lisible sur ce site).

Négociations turco européennes : la tombée des masques

Ce "constat" est une des conséquences du sommet de Lisbonne : en effet, chacun a pu alors remarquer que le blocage des relations entre l'Alliance et la PSDC n'était pas dû à la France, mais à d'autres facteurs : d'une part, le blocage turc, d'autre part une certaine rigidité de la technostructure européenne.

Mais ce blocage turc est également un blocage européen : en fait, aucun des deux partenaires n'a plus envie d'avancer. Si on connait en France les raisons de la réticence européenne, on s'attarde un peu moins sur les raisons turques. Il ne s'agit pas seulement d'un néo-ottomanisme de circonstance.Ni même de la fierté d'un système économique en plein boom, par rapport à une Europe à la peine.

Je crois surtout qu'on arrive aux limites du projet "démocrate-musulman" de l'AKP. En effet, cela surprenait beaucoup de voir que ces néo-ottomans prônaient l'adhésion à l'UE et s'affirmaient comme des démocrates. C'était ne pas voir que cette politique visait à sortir les islamistes de l'isolement politique où ils étaient confinés en Turquie. En apparaissant comme "modernes", ils ont conquis le pouvoir en moins de deux ans et ont sciemment utilisés les réformes européennes (vers l'Etat de droit" pour déconstruire le système kémaliste existant.

On a cru qu'il y avait l'invention d'un nouveau logiciel : un démocratisme éclairé et post-moderne, et un islam ouvert et tolérant. Peut-être n'est-ce pas aussi simple. Peut-être avons-nous pris nos rêves pour des réalités. Et peut-être l'AKP a-t-il tout simplement instrumentalisé les premiers chantiers de négociation avec l'UE (ceux qui précisément avaient trait à l'État de droit) pour obtenir son objectif politique : marginaliser le kémalisme et ses points d'appui.

Maintenant que cet objectif est atteint, l'adhésion à l'UE perd de sa nécessité. Ceci expliquerait le raidissement turc qui ne serait pas compréhensible autrement.

Après, il faudra réfléchir à d'autres évolutions récentes : le rapprochement avec l'Arménie qui s'enlise, les raidissements avec Israël, et une plus grande tolérance avec l'Iran. Le tropisme musulman dépasserait alors le simple ottomanisme.

Réf :

  • sur la suite du réversi turc
  • sur le paradoxe turc kémalisme versus AKP
  • sur les fragmentations turques
  • sur le néo-ottomanisme

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines