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Je vous emmène au bout de la ligne

Par Liliba

Rodolphe MACIA et Sophie ADRIANSEN

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Présentation de l'éditeur

Les mines fatiguées de l’heure de pointe du soir et s’imagine nos histoires et nos aspirations. Il s’inquiète pour ceux qui courent, bondissent, surgissent d’un couloir, dévalent un escalier. Pour ce conducteur, les passagers ne sont pas des anonymes et cet angle de vue inattendu nous renvoie à nous-mêmes, à l’usage que chacun de nous fait des transports en commun. C’est aussi l’occasion pour Rodolphe d’avouer les menus secrets de sa propre expérience, de raconter la petite et la grande Histoire du métro et de la RATP. Que se passe-t-il quand deux passagers sont débarqués dans une station fermée et en travaux ? Savez-vous qu’il fait entre 27 et 34 degrés aux heures de pointe ? Une aubaine pour les grillons qui se sont installés sur certaines lignes et ont donné naissance à la Ligue de protection des grillons du métro Parisien en 1992 ! On comprend enfin pourquoi, la veille des grèves, la situation du trafic est alarmiste alors que les trains roulent presque normalement le jour dit, pourquoi les contrôleurs insistent pour que l’on règle nos PV immédiatement. On découvre la place des femmes parmi les conducteurs, où dorment les métros la nuit, les risques que sont prêts à courir les taggeurs et les vendeurs à la sauvette. Etre conducteur de métro implique des choix, des responsabilités spécifiques, et pour Rodolphe un bon nombre de plaisirs. L’amour qu’il porte à son métier, sa position originale dans la rame, fait de lui un observateur et un conteur de la vie métropolitaine totalement surprenant de drôlerie et riche d’informations. La construction originale du récit (par station et par thématique) se met au service de ses péripéties.

Rodolphe Macia est devenu conducteur sur la ligne 2 du métro après avoir effectué divers jobs dans les couloirs du métro (vendeur de confiseries, guichetier, contrôleur). Sophie Adriansen, sa conjointe, vous est sans doute plus connue sous son nom de blogueuse : Sophielit.

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L'auteur partage avec nous l'amour de son métier, souvent méconnu et dont on aurait parfois une image plutôt négative, et surtout sa passion pour le métro parisien, dans lequel il officie depuis plus d'une dizaine d'année.

Et c'est très amusant de se plonger dans les couloirs du métro, mais avec la vision du conducteur plutôt que celle que nous connaissons en général en tant que passagers. Au fil des pages, on sourit sur les anecdotes qui parsèment la vie dans les couloirs souterrains et surtout on découvre un monde méconnu. Usagers pressés que nous sommes, nous ne faisons pas plus attention au conducteur du métro qu'au fonctionnement des machines ou du réseau parisien (pourtant un véritable labyrinthe, une fourmilière et une organisation rigoureuse afin de palier au moindre problème) et j'ai découvert avec grand plaisir cet univers, qui de plus m'a replongé dans mes jeunes années et ma vie parisienne (j'y ai passé tout de même plus de 10 ans !).

On se promène donc sur la ligne 2, tout en découvrant également d'autres trajets et les spécificités de chacun. L'auteur ne se contente pas de noter les évènements de ses journées, ni de nous relater les différents trucs des parisiens pour ne pas perdre de temps (dont certains sont assez cocasses) ou les aventures qui auraient parfois pu mal finir. Il se prend également à rêver sur les usagers, leur imagine parfois des vies et surtout, ce qui m'a beaucoup touchée car cela va totalement à l'encontre de l'indifférence qui règne à Paris et surtout dans les transports ou chacun évite de regarder l'autre pour empêcher toute tentative de communication, cet employé passionné dépasse parfois ses fonctions pour aider ou soulager des usagers, rendre service, au risque de recevoir un blâme.

Le tout est vraiment intéressant, puisqu'au récit de son métier et de ses expériences, Rodolphe Macia ajoute également des données statistiques ou des informations techniques qui nous font un peu plus découvrir l'envers du décor. Un métier original et pas très facile qu'il ne doit être possible d'exercer à long terme que si on aime vraiment ce que l'on fait. En effet, le conducteur de métro, s'il est entouré de milliers de gens, est cependant toujours seul dans sa cabine. Il passe son temps dans le noir (sauf les chanceux qui officient sur les lignes à ciel ouvert) et doit sans doute faire face à l'ingratitude des passagers, quand ce n'est pas à leur vindicte... On n'imagine de même pas du tout que c'est un travail qui mérite une attention de chaque instant, afin de maintenir un niveau de sécurité optimal pour les passagers et de faire face à toute éventualité (suicides, violences, exhibitionnismes, personnes perdues, SDF, voleurs qui s'enfuient sur les voies...).

Angelita pose dans son billet plusieurs questions que je me suis moi-même posées en lisant et je serai très curieuse d'avoir les réponses de l'auteur !

En final, j'ai trouvé ce petit livre aussi intéressant qu'amusant. On passe un très agréable moment de lecture et on sent vraiment l'attachement de l'auteur à son métro et à son métier. Seul petit regret, cet ouvrage est un témoignage, et donc a opté pour le ton de la conversation, qui à mon goût donne un aspect un peu "léger" ou trop superficiel à l'ensemble.

Le site Au bout de la ligne.

Un grand merci à Sophie d'avoir fait voyager ce livre jusqu'à moi !


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