C'est à la faveur de retrouvailles avec un ami un peu perdu de vue que je suis enfin parvenu à identifier ce morceau recherché en vain pendant des années. Par bonheur, "Hana", car tel est son titre, est encore plus beau et impressionnant que dans mes souvenirs. L’ancien leader du Tokyo Ska Paradise Orchestra, Asa-Chang, alias Koichi Asakura, et ses deux acolytes de Junray, ont atteint, avec cette drôle de comptine sortie en 12" en 2001, un sommet d’étrangeté sonore. Je vois peu d’équivalents à cet assemblage de musique indienne, de poésie nippone, et d’expérimentations électroniques extrêmes façon Aphex Twin. En fait, pour être rigoureusement exact : je n’en vois aucun.
Sur fond de cordes tire-larmes extraites d’une ballade de Sade ("Pearls"), deux voix filtrées suivent le rythme saccadé et sans cesse changeant d’un solo de tablas, exécuté de main de maître par U-Zhaan. Vrillées, tordues, ces voix détachent curieusement, bégayent parfois, les syllabes de ce qui s’apparente sans doute à un poème (si quelqu’un parle japonais…). La simple énonciation de ses différents ingrédients ne rend cependant pas justice à ce petit trésor qui échappe à toute description. Les trois albums d’Asa-Chang & Jun Ray valent la peine d’être écoutés au moins une fois, mais aucune de leurs productions n’égale la magie de "Hana" qui, plus de 9 ans après, reste désarmant de virtuosité et d’avant-gardisme.
A noter : d'abord sorti en 12" sur Hot-Cha en 2001, puis sur Leaf en 2002, "Hana" figure aussi sur le premier album du groupe, "Jun Ray Song Chang", et sur différentes compilations.
En bref : il n’y a que les japonais pour créer des morceaux aussi barrés que "Hana", un patchwork magique de voix et de tablas sous perfusion d’Aphex Twin. Une pièce unique, qui défie les lois de la musique occidentale.
Le Myspace
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