Depuis des siècles, les fermiers du Sahel ont utilisé la rotation de la culture des arbres pour fournir les récoltes pendant toute l’année, en créant une source régulière de la nourriture, combustible, et engrais. Mais les sécheresses sévères et l’accroissement de la population pendant les années 1970s et 1980s ont fortement dégradé la terre du Sahel, ce qui a mené la perte de beaucoup des espèces d’arbres, et a rendu la terre aride et érodée. En conséquent, beaucoup des connaissances, traditions, et pratiques qui étaient utilisés pour enrichir la région, ont disparu. Pour sauver la terre et sécuriser les soutenances, beaucoup de ces traditions sont actuellement en train d’être ravivées.
- Farmer-Managed Natural Regeneration
Une méthode pas honéreuse de culture qui aide à restaurer la terre dégradée du Sahel est appelée Farmer-Managed Natual Regeneration (FMNR) – la régénération naturelle dirigée par les fermiers. Grâce à l’émondage des pousses qui viennent périodiquement des systèmes souterrains des racines, les fermiers peuvent promouvoir la croissance des forêts et profiter d’une source naturelle de combustible, nourriture, ou fourrage.
Les arbres produisent les fruits riches en nutriments, et ils aident à restaurer la terre en émettant de l’azote et protégeant la terre de l’érosion par le vent et la pluie. La forêt cultivée crée aussi une source locale de bois de chauffage et paillis, ce qui réduit le temps nécessaire pour trouver du combustible. Cette pratique permet aussi de lutter contre la déforestation, puisque les arbres utilisés pour combustible sont remplacées par des nouvelles pousses.
- Les avantages d’une telle pratique
“FMNR est une pratique assez simple, mais elle apporte beaucoup d’avantages, » dit Chris Reij, à Washington D.C. en octobre dernier. Reij est un expert de la gestion des ressources naturelles qui travaille comme consultant à Nourishing the Planet Project, et également dans le cadre du Center for International Cooperation, une commission sur les innovations locales, organisée par l’Oxfam. Reij attribue le grand succès de FMNR en Niger – où beaucoup de villages ont actuellement entre 10 et 20% d’arbres en plus par rapport aux années 1990 – à la réduction de la présence gouvernementale dans les régions rurales. En effet, puisque le gouvernement doit gérer un conflit politique, la gestion des forêts appartient maintenant aux fermiers locaux.
- Une collaboration entre diverses associations
Pour que le FMNR et ses avantages profitent à encore plus de fermiers, le Web Alliance for the Re-Greening in Africa (W4RA), un projet mutuel entre African Re-Greening Initiatives (ARI), le Web Foundation, et VU Amsterdam, ont créé un dispositif d’échanges électroniques entre les fermiers. En même temps, l’organisation SahelEco a commencé deux projets, TreesOutside the Forest, et le Re-Greening the Sahel Initiative, pour encourager les décisionnaires, les syndicats des fermiers, et les membres du gouvernement local à fournir le soutien et la législation nécessaire pour restituer la gestion agricole aux fermiers.
- Nourrir la Planète : Evaluation des solutions durables pour l’environnement afin de réduire la faim dans le monde et la pauvreté en milieu rural
Le développement agricole arrive à un carrefour. Près d’un demi-siècle après la Révolution Verte – la première tentative systématique à grande échelle pour réduire la pauvreté et la faim dans le monde – une grande partie de l’humanité souffre encore de la faim. Parallèlement, les investissements dans le secteur agricole par les gouvernements, les banques internationales et les fondations connaissent leur plus bas niveau historique.
Cela est de bien mauvais augure dans le contexte actuel. La complexité des forces démographiques, économiques et naturelles concourent à rendre plus difficile le défi pour réduire la faim. Sont inclus la hausse vertigineuse des prix du pétrole et des denrées alimentaires ainsi que le changement climatique et la persistance d’accords commerciaux injustes. Cependant, cette crise nous donne l’opportunité de recentrer l’attention de l’opinion publique sur les ressources alimentaires, l’agriculture et les zones rurales. De façon globale, il s’agit de redonner la priorité à la sécurité alimentaire. Dans les prochaines années, les preneurs de décision et les donateurs vont à nouveau attribuer des fonds au développement agricole, ces derniers auront donc grand besoin d’être conseillés.
- De nouvelles approches pour combattre la faim dans le monde
Ay cours des dernières décennies, a émergé une nouvelle génération d’approches innovantes pour soulager la faim. Celles-ci proviennent de communautés de fermiers, d’organisations bénévoles privées, d’universités et de compagnies agro-alimentaires. La plupart de ces approches offrent des modèles utiles pour des projets à grande échelle. Cependant, il semble de plus en plus évident que combiner les approches (techniques conventionnelles combinées à des approches agro-écologiques ou des méthodes d’auto-évaluation protégeant les ressources naturelles) soit plus efficace en termes de productivité, de revenu et de durabilité.
- Un projet tourné vers le développement durable
Le projet Nourrir la Planète établira une évaluation des nouvelles techniques agricoles – des méthodes de récoltes aux technologies d’irrigation et aux politiques agricoles – en mettant l’accent sur le développement durable, la biodiversité, la protection des écosystèmes ainsi que la productivité. Le projet a un double but: celui d’informer sur les efforts mondiaux pour éliminer la faim et celui de promouvoir ces efforts. Le projet étudiera également les infrastructures institutionnelles nécessaires à chacune des approches, en suggérant les investissements complémentaires pouvant contribuer au leur succès – des banques de semences locales aux installations de traitement et aux bureaux de marketing.
- Le rapport State of the World 2011
Le projet aboutira à la parution de State of the World 2011, un rapport complet sur la situation de l’agriculture ainsi que des documents d’informations dérivés, des résumés, des vidéos et des podcasts. Ce rapport fera office de guide pour les fondations, et les donateurs désirant soutenir les actions les plus efficaces dans le domaine de l’agriculture, dans des contextes agro-écologiques et socio-économiques divers. Les conclusions de ces recherches seront mises à la disposition des nombreux milieux influents dans le domaine agricoles, y compris les ministères des gouvernements, les décideurs en matière de politiques agricoles ainsi que les communautés de fermiers et les organisations non-gouvernementales dans le domaine de l’environnement (dont l’influence va en s’accroissant).
- Une avancée directement sur le terrain
Mettant l’accent sur les recherches de terrain, la co-directrice du projet Danielle Nierenberg est actuellement en déplacement en Afrique sub-saharienne afin de rencontrer des fermiers et communautés de fermiers, des représentants de gouvernements locaux, des donateurs et des organisations non-gouvernementales. Vous pouvez suivre ses recherches et ses commentaires sur le blog de Nourrir la Planète: http://blogs.worldwatch.org/nourishingtheplanet
- L’avis Sequovia
Combattre et éradiquer la faim dans le monde constitue un des objectifs du Millénaire fixés par l’Organisation des Nations Unies. C’est en mettant en place des projets innovants qui s’appuient sur la concertation entre les différentes parties prenantes que des avancées pourront avoir lieu. Il est évident que le modèle d’agriculture intensive promu par les grandes industries agro-alimentaires occidentales ne peut répondre aux besoins de demain et ne peut remplir les principes du développement durable. S’efforcer de trouver un modèle qui s’adapte localement en tenant compte des spécificités climatiques, environnementales et humaines, est une condition indispensable pour combattre la faim. Le projet de Nourrir la Planète s’inscrit parfaitement dans cette démarche, c’est pourquoi, chapeau bas!