Appauvrissement des âmes et marchandisation du corps. Qu’il semble loin le siècle des lumières. Les progrès d’aujourd’hui ressemblent furieusement à des régressions dans la capacité de l’homme à s’élever, à s’extirper de son rang animal dans lequel la procréation prévaut sur tout. Hier inimaginable, le commerce du corps humain tend quitter le tiers-monde pour se banaliser. On évoque désormais la légalisation de la prostitution mais aussi, la procréation pour autrui. Une porte ouverte à toutes les dérives notamment demain, le commerce d’organes au profit de populations vieillissantes mais riches.
A défaut de projets de société, le fait d’avoir un enfant est devenu pour une large part de la société, sa seule projection dans l’avenir. Un caprice toutefois au regard une population mondiale qui ne cesse de croître dans des proportions inquiétantes. Le terme gestation pour autrui (GPA) est un habile habillage. La réalité est moins rose. C’est bien de mères porteuses dont on parle. Une pratique largement testée sur le genre animal et réservée jusqu’à présent à lui seul.
La question dépasse les clivages politiques. Elle est avant tout philosophique. Depuis 2008, du Sénat à Terra Nova, les défenseurs d’une légalisation encadrée de la GPA se démènent, au nom d’une pseudo modernité, pour gagner à leur cause le législateur. Ils ne manquent pas d’évoquer la GPA comme un don pour autrui, un instrument supplémentaire au service de la lutte contre l’infertilité. Si comme l’affirment les pro-GPA, la parentalité a aujourd’hui suffisamment évolué, et qu’elle est aujourd’hui dissociable de la filiation, la solution ne serait-elle pas plutôt de faciliter les conditions d’accès à l’adoption ?
La revendication du “droit à fonder une famille” tel que mentionnée dans le premier rapport de Terra Nova , le désir d’enfant des couples homosexuels, a vocation à trouver le cas échéant des solutions dans un régime de l’adoption sans doute à assouplir. Comment toutefois ne pas être perplexe devant cette soif consumériste d’enfants, ce désir ardent de ressembler coûte que coûte aux autres dans un mimétisme moutonnier dont les mères porteuses, telles des brebis, seraient le seul moyen.
Les défenseurs de la GPA avancent également qu’un dispositif légal en France éviterait “un tourisme médical au profit de “paradis procréatifs” dérégulés”. Et pourquoi pas, pour le même argument rouvrir les maisons closes ? On voit bien que derrière le débat sur la GPA, c’est la question du statut de la femme qui se pose, son droit à disposer librement de son corps sans tomber dans une aliénation commerciale ou sociétale qui les condamneraient à avoir pour vocation première de n’être que des reproductrices.
Opposant radical à la GPA, le Pr Frydman estime que “La mère porteuse met son utérus à la disposition d’autrui. Elle ne vit plus pour elle-même mais pour un commanditaire, le temps de faire un bébé“.
Le risque évident, c’est l’exploitation de la misère par des couples financièrement aisés. L’enfant lui est le grand oublié, ravalé comme la mère porteuse au rang d’objet. Deux personnes objets que la GPA condamnerait à vivre avec de sacrés dilemmes psychologiques.
Révulsés par le premier rapport de la fondation Terra Nova favorable à la GPA, les opposants emmenés par René Frydman et Olivier Lyon-Caen ont répondu point par point à travers une note publiée sur le site de la fondation.
Sur la base d’une étude concrète de la réalité des mères porteuses dans le monde, Ils concluent “qu’il n’y a pas d’entre-deux possible. L’idée d’un encadrement de la pratique par sa légalisation est une chimère”.
Ces arguments ont été entendus par le Bureau national du PS du 14 décembre amené à trancher un débat qui agite et divise les socialistes depuis plusieurs semaines. “Face aux risques que représentent l’instrumentalisation du corps de la gestatrice et sa possible marchandisation, l’interdiction de la gestation pour autrui doit être maintenue” a décidé avec beaucoup de prudence le BN.
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