Le Cannibale de Rouen - Nicolas Deliez & Julien Mignot ( I )

Par Woland

Extraits

Merci aux Editions François Bourin qui, dans le cadre d'un partenariat avec Blog-O-Book, nous a donné l'occasion de lire cet ouvrage.

Fort bien documenté et donnant la parole aux proches de son triste héros, ce livre co-rédigé (en un style hélas ! détestable) par deux journalistes, Nicolas Deliez et Julien Mignot, a le mérite de refuser tout sensationnalisme - ce qui est rare, de nos jours - afin de mieux mettre en évidence les dysfonctionnements non pas de notre système judiciaire ou de notre système hospitalier mais bel et bien de notre société : car c'est d'elle qui sont tous deux tributaires et accabler l'un pour épargner l'autre, ou vice versa, n'a aucun sens si, en parallèle, on mène, par rapport à notre société tout entière, dominée par la bien-pensance et le politiquement correct, la sotte politique de l'autruche.

A l'origine du livre, le meurtre de Thierry Baudry, l'un des co-détenus de Nicolas Cocaign dans leur cellule 26 du Bâtiment 2, à la Maison d'Arrêt de Rouen, le 3 janvier 2007. Après avoir roué de coups, puis poignardé à maintes reprises le malheureux Baudry, Cocaign l'achève en l'étouffant avec deux sacs plastique. Puis, avec une lame de rasoir, il lui incise le thorax, en arrache ce qu'il croit être le coeur de sa victime et part tranquillement cuisiner celui-ci, dans la petite poêle commune, avec de l'ail et des oignons. Le tout sous les yeux exorbités de son second co-détenu, David Lagrue, qui, bien qu'ayant établi une excellente relation avec Cocaign, n'a qu'une seule peur : voir ce dernier se retourner contre lui. C'est pour cette raison, expliquera-t-il le lendemain aux surveillants et à la police, qu'il n'a pas appelé le gardien.

Après avoir établi les faits, sans trop patauger dans le gore, Deliez et Mignot entreprennent de remonter à la source de tout cela. Car enfin, à moins d'avoir été élevé dans une culture qui la pratique - et encore n'en use-t-elle que pour des cérémonies rituelles et dans des cadres très précis et sévèrement hiérarchisés - l'être humain, fût-il, comme l'est Cocaign un délinquant violent et un violeur, ne pratique que très rarement l'anthropophagie. (A suivre ...)