Encore un manga ? Bon sang mais ce blog est un scandale. ! Mettons donc ça sur le dos des soldes ou sur mon récent passage chez Momie Mangas, enseigne grenobloise immanquable pour l'amateur de bande-dessinée asiatique et de goodies en tous genres. Quoiqu'il en soit, il sera aujourd'hui encore question de shōnen mais pas de sport, puisque c'est le versant fantaisiste et spectaculaire du genre qui m'occupera ici avec Wan Pīsu (One Piece en non-japonais).
Pour faire court, nous y suivons les péripéties de Luffy, pirate en devenir qui cherche à s'imposer le maître des mers suite à une promesse faite dans son enfance. Pour cela, il va se lancer à la recherche du One Piece, un trésor légendaire planqué par le défunt seigneur des pirates. Evidemment, mille dangers l'attendent sur la Route de tous les périls qui l'y conduira, des flibustiers rivaux aux forces de l'ordre, mais pas seulement. Heureusement, Luffy dispose de deux atouts : un corps élastique, acquis par l'ingestion d'un Fruit du démon, et un équipage fidèle et bigarré.
C'est d'ailleurs le rassemblement de cette troupe (jolie et malicieuse navigatrice, cuistot roi des coups de pieds, escrimeur à trois sabres, couard de service) qui entame les aventures du héros au chapeau de paille, croisement jovial et bagarreur de Tom Sawyer et Reed Richards des Fantastic Four. L'occasion de se rendre compte que Euchiro Ida, le créateur de cette série populaire et increvable (plus de 40 tomes en France chez Glénat, une version animée, des films...), a un talent certain pour la création de personnages charismatiques, du côté des bons comme de celui des félons : hommes-poissons (poulpe, requin-scie...), pirates façon cirques (acrobate, clown...), costaud en armure métallique, un autre qui fume en permanence deux cigares, cuisiniers castagneurs... Premier point fort donc, la diversité, favorisée en grande partie par ce contexte original qu'est celui de la piraterie, qui rompt agréablement avec les sempiternels experts en arts martiaux.
Diversité qui permet ensuite deux choses : la mise en place d'affrontements dantesques et un humour loufoque qui font de Wan Pīsu un titre littéralement explosif, qui en fout plein le citron quoi. En effet, comme le veut la coutume, chaque adversaire est l'occasion d'explorer de nouvelles techniques de combats et donc se mettre joyeusement sur la tronche dans un fracas de décors défoncés et de corps que l'on cogne fort. Ecole Doragon Bōru (Dragon Ball quoi, oui j'aime me la péter avec de la VO) en somme, avec projections supersoniques et petites effusions sanguines. Le tout entremêlé de quantité de grimaces en caoutchouc, gags débiles et saillies dramatiques, autant de registres où Oda et ses ustensiles de dessinateur sont à l'aise, son approche ultra-expressive (grands yeux aux pupilles en points, bouches qui pourraient avaler une poutre d'une traite) et vitaminée conférant à Wan Pīsu l'énergie et le caractère qui en font un incontournable en matière de divertissement séquentiel. Et encore, je me retiens d'aborder le traval sur les décors, véritable pompon sur le couvre-chef du marin.
Wan Pīsu (Shueisha) - Depuis 1997
Verdict du Père Siffleur