Eden vous présente Béatrice MARIN
Je vous propose donc, pour inaugurer cette nouvelle rubrique, un poème écrit par Béatrice MARIN qui nous décrit une Scène de tempête ordinaire. C’est également Béatrice Marin qui a choisi l’illustration, que j’ai trouvé fort appropriée.
Si cette petite poésie vous plaît, vous pouvez trouver plus d’informations sur son auteur sur son site :
http://www.beatricemarin.blogspot.com/
Voici donc :
Scène de tempête ordinaire
Le vent violent fait rage
Criblant et perçant les nuages
De sa rogne d’amant éconduit
De sa folie en bourrasques de cris
La mer étendue subit, le teint gris
Les assauts de ce monstre ennemi
Frustré de son immatérialité
Impalpable, informe, éthéré
Tandis qu’elle, au ventre rond
Couve la vie dans ses grands fonds
Toujours généreuse, elle nourrit
Mais toujours elle gémit
Quand ce diable échevelé
Veut la prendre, la forcer
Il trousse et déchire ses jupes
Elle les roule en écume et fuite de dupe
Il cingle sa peau si souple et lisse
Elle esquive, serre les dents, les cuisses
Il souffle haleine crasse
Elle tangue en larges vagues brasses
Il éructe, hurle et siffle
Elle gronde, se rebiffe et le gifle
Il lui colle raclées de feuilles mortes
Au nez elle lui claque sa porte
Epuisé, il abandonne la tourmente
Ou cherche au contraire
Du renfort auprès de ses frères
Pour une nouvelle tournante
Mais c’est elle demain, exténuée
Qui sera sur le banc des accusés
Elle l’ogresse qui avale les humains
Qui broie les coques et noie dans le chagrin
Elle pourtant, pillée et souillée dans l’écrin
Du moelleux de son ventre
Car l’on préfère s’entendre
Pour punir une présence
Condamnée au silence
Et ainsi sauver les apparences
Jamais le vent ne sera jugé
Sous couvert de légèreté,
Son impermanence sera son impunité
Lui, le vrai coupable de cette furie
Sera déjà en coup de vent parti
Souffler et trousser à l’envi
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