“À Bout Portant” : touché coulé

Par Kub3

Alors que le remake de Pour Elle (Les Trois Prochains Jours, réalisé par Paul Haggis) est actuellement en salle, Fred Cavayé sort son deuxième film avec À Bout Portant et en tête d’affiche Roschdy Zem et Gilles Lellouche. L’occasion pour tous les cinéphiles de savoir si Cavayé est vraiment le nouveau “maître du polar” en France ou si Pour Elle était juste un coup de chance.

À la différence de son premier film, À Bout Portant est un thriller plus orienté action et courses-poursuites, délaissant tout l’aspect émotionnel à de très brefs moments. Le scénario, toujours co-signé avec Guillaume Lemans, s’amuse rapidement à surprendre le spectateur et même offrir de petites touches venant parodier ou retourner les clichés habituels du genre.

Mais à force de jouer au premier de la classe propre sur lui, le film se vautre lamentablement dès que les enjeux dramatiques se posent. On passe sur l’utilisation aussi paresseuse que foireuse des médias, on passe même sur les invraisemblances et les plotholes, comme disent les ricains : À Bout Portant est avant tout un film mal écrit, mal dialogué et mal ficelé – sans parler de la musique signée Klaus Badelt (disciple et complice de Hans Zimmer), abyssale.

Et la liste des critiques ne s’arrête pas là : Cavayé a beau aligner les séquences burnées, parfois très violentes pour du cinéma français “classique”, le tout reste brouillon. La séquence de course-poursuite dans le métro fera faire frémir n’importe quel possesseur d’une carte Navigo et donnera la migraine aux autres, par exemple.

On a l’impression que tout a été fait trop vite : des décors qui puent le studio Seine Saint-Denis aux personnages fins comme du papier à cigarette, en passant par un casting sacrément curieux : seconds couteaux aussi charismatiques q’une éponge, des voix bizarres, un Zem éteint, un Lellouche à la ramasse et ne parlons pas de Lanvin qui est méchant, très méchant.

Le talent – parce qu’il en a un – de Cavayé réussit quand même à poindre de temps à autres, plus dans sa façon de donner du corps aux séquences et de monter le tout vers un climax over the top mais satisfaisant. Bon polar, non non non. Mais bon divertissement, oui. Attendons le troisième film pour juger du bonhomme.

En salle le 1er décembre 2010

Photo : © Gaumont Distribution