Choses éparses entendues lors des tables rondes qui ont précédé la remise du Grand Prix de l'Urbanisme et du Palmarès des
Jeunes Urbanistes à la Cité de l'Architecture et du Patrimoine:
Laurent Thery étant le Grand Prix de cette année, la côte atlantique fut mise à l'honneur avec la métropole Nantes Saint-Nazaire.
Notre grand primé annuel a rappelé l’essence d’un projet urbain: d'abord identifier les objectifs majeurs et les inscrire dans la
transformation d'un territoire. Ce n'est donc ni une procédure ni un cadre opérationnel. La formule peut paraitre simpliste mais elle a le mérite de clarifier les choses dans un monde où prime la
complexité administrative.
A Nantes et en l'espace de vingt ans, on est passé d'une action d'urgence pour redonner confiance aux acteurs du territoire à une métropole
symbolisée par son « monument dispersé » qu’est l'Estuaire (biennale d'arts contemporains donnant lieu à des interventions in situ). La culture et l’urbanisme furent pris comme fer de
lance d’une reconquête territoriale, pour ne pas parler de marketing. Aujourd’hui, l'île de Nantes achève sa mue après une grosse décennie de travaux où l'urbanisme, dit Laurent Thery, fut en
situation de quasi rupture permanente. Jean-Marc Ayrault résuma ainsi la situation : « il y a toujours une solution, même dans les pires moments, et il faut forcement la trouver ensemble
(élu et urbaniste) ». Le plan guide de l'île de Nantes évolue d'ailleurs chaque trimestre.
A Saint-Nazaire, Joel Batteux son maire fait un constat similaire en expliquant que face aux difficultés économiques, la municipalité a mis
en place une véritable cellule de crise "pour manager de l'intelligence". Rappelant "qu'il n'y a pas d'autorité politique sans experts associés."
Paul Virilio, se présentant comme un chrono-utopiste, a mis en abime le débat en rappelant que nous étions à la porte de l'outre-ville, de
la ville des migrants involontaire de la mobilité. Tandis qu'à l'opposé, l'urbaniste italienne, Paola Viganò attirait l'attention sur les pratiques qui révèlent la ville en train de bouger. Il
s'agit aussi pour elle de lire le grand territoire et d'affirmer la dignité des territoires de vie. Seule la prospective nous permets dès lors d'approcher les futurs possibles de la
ville. Michel Desvigne expliqua alors avec sa simplicité naturelle qu'il n'y a pas de relation entre le paysage et le découpage
administratif. Il faut donc revenir au bon sens dans l'articulation des échelles: "ce qui est petit pour la géographie est grand pour l'urbain."
"L'urbanisme, c'est d'abord la conversation" a dit l'un d'entre eux au cours de la conversation pour rappeler le dialogue que le
professionnel doit tisser avec les autres acteurs de la ville. Jean-Marie Duthilleul finalement renchérit: "le projet est un rêve que l'on fait ensemble".