Je finis doucement un Tung Ting Shan, thé semi-fermenté de Taïwan. Je ne sais pas quand je l'ai acheté, je ne sais pas s'il a bien vieilli... je ne sais pas encore profiter de toutes les splendeurs des grands crus de thés.
Malencontreusement je l'ai fait à la tasse avec un filtre à thé en inox Bodum. Mais quel bonheur de l'avoir celui-là! Il me permet de profiter des thés en vrac, des bons thés, de manière simple, pratique et très spontanément. Seulement je n'y trouve pas tout mon compte en dégustation.
Comme si préparer tous les ustensiles de thés, de faire un brin de vide sur ma table basse (juste un brin, le reste de la table croule sous les affaires quotidiennes et les livres hebdomadaires), mettre de l'ordre, permettrait aussi de se recentrer, de prendre pied, de se focaliser sur soi et non de faire de cette boisson un accompagnement du moment.
Alors une grande tasse, une tasse qui refroidit souvent. Et hier soir ce fut donc un thé froid, un Tung Ting Shan frais. Souvent mes papilles ne savent pas s'y retrouver avec du frais, comme s'il leur fallait du tiède, du chaud, du "à température ambiante" ou à 37°C presque. Mais cette fois-ci, ce fut la saveur du "frangipanier" qui m'a suspendu les lèvres... pour laisser le liquide couler encore plus doucement de la bouche, toute la cavité, toute la langue, jusqu'à l'œsophage.
Voilà, le côté capiteux est très prononcé... normal, mais c'est assez stupéfiant de considérer que cette tension, rétroolfactive peut-être, apparaissait là. De quoi refaire un Tung Ting Sha chaud en zhong...
*source Polianthes tuberosa
Une envie de s'y prélasser mais aussi une envie de s'arrêter net. Un côté suave très entêtant, comme un parfum tubéreux. D'ailleurs, c'est tout à fait cela... une envie de s'y plonger avec une envie de ne pas trop boire (de ce oolong).
Et puis un plaisir retrouvé, celui de voir les bulles entre les feuilles de thé... un air enfermé dans le thé, qu'il soit de Taïwan ou du mouvement du couvercle de zhong, quelle importance, il est beau!