Comme tous les jeudis matin depuis un mois, mais pour la dernière fois cette année, voici mon sentiment sur les épisodes de « fais pas ci, fais pas ça » diffusés hier...
J'ai beaucoup aimé la mise en abîme du premier épisode. « Un personnage de roman peut-il être médiocre », intéressant sujet de discussion et débat osé pour une série qui met en scène des gens très ordinaires. La rédaction de cette dissertation permettait en plus de confronter, en temps réel, les deux familles sur un sujet commun. Du côté des Lepic, on optait évidemment pour un ton académique tandis que Valérie Bouley se voulait très créative. Au jeu de notes, Renaud l'emporte avec un médiocre 6 face à Valérie et son lamentable 5.
Comme toujours depuis le début de la saison, je suis enchantée par les guests. J'ai un faible depuis ma plus tendre enfance et le cultissime mais souvent oublié au crédit de « Palace » « merci Bernard », et j'adore donc Eva Darlan (dont j'étais très amoureuse petite parce que j'adorais sa voix). Eva Darlan composait, hier, une mère de Valérie très crédible avec toujours un verre d'alcool à la main, le détail qui tue, et cette façon charmante de perpetuellement accabler sa fille en oubliant le prénom de son mari, en promettant la fin prochaine de son couple ou en dénigrant scrupuleusement son existence. Toute ressemblance avec ma charmante petite maman qui met toujours trois secondes précisément à retrouver le prénom de ma Moitié – comment va, … (1), … (2), … (3) [là en général je crache son prénom sur un ton impatient !]... Tapham – ou qui me demande à chaque fois que je l'ai au téléphone si je travaille en ce moment « quand même ». Je n'ai toujours pas saisi la question et surtout pas le « quand même » (on me cache un truc sur ma santé ?). Ce qui m'a fait re-re-redire hier soir que les rapports mère/fille étaient toujours très bien vus dans « fais pas ci, fais pas ça ». Pour la peine, cette teigne de Thiphaine compatissait avec sa petite maman.
Au registre des vedettes invitées, Pierre Mondy m'a beaucoup surprise, dans le rôle du papa plaqué sur le tard par son insupportable bonne femme. Je l'ai trouvé plutôt juste.
La séquence de formation à la créativité chez les robinets Binet m'a également beaucoup plu, malgré un démarrage un peu mollasson et limite inquiétant. Sa conclusion sous forme de lip-dub très inattendu sur « fuck you » a achevé de me séduire. Les numéros 1 et 2 de la boîte qui chantent déguisés en femme étaient très crédibles.
Je trouve également le rapport entre les Lepic et leurs enfants toujours extrêmement touchants. Renaud finit par lâcher prise pour faire plaisir à Christophe ou porte très bien, d'ailleurs, le une pièce féminin pour aider Charlotte à vaincre ses complexes au sujet de ses genoux carrés hérités de la grande tante Marie-Noël. Ces moments de tendresse déjà aperçus dans les saisons précédentes m'émeuvent toujours un peu.
Je suis obligée de conclure cette revue des bons points par la performance fabuleuse de Valérie Bonneton qui se termine en véritable show à l'américaine sur « ça m'énerve ». Elle continue de faire beaucoup, beaucoup pour la série, même si effectivement elle a plus anglé son spectacle autour de la cuisine de la cantine que du développement durable.
Avant le bilan plus global, je me réjouis que les scénaristes aient intégré, comme pour les précédentes saisons, un magnifique cliffhanger par famille. Fabienne Lepic, la potiche qui invente un drôle de système pour éviter que les chaussettes ne deviennent orphelines, va se lancer en politique aux côtés du maire actuel, tandis que Valérie Bouley, à qui ça pendait au nez depuis un moment, est viré par sa patronne, la sympathique et souriante Samantha, après avoir trouvé une place en crèche à Salomé pourtant.
Sur l'ensemble de la saison, je me dois d'être lucide, tous les épisodes ne sont pas à la hauteur et bizarrement je crois que j'ai préféré la saison 2, que personne n'a aimé à cause du fil rouge autour du personnage d'Anémone. J'étais très fan, il faut le dire, de la « burnoute » de Renaud Lepic qui a redoublé sa quatrième. S'il fallait corriger une chose d'urgence pour la saison 4, qui sera forcément tournée après les bons scores de la 3, c'est la durée des épisodes. 52 minutes, c'est bien trop. Quarante minutes efficaces sur une saison peut-être un poil plus longue seraient plus efficaces.
En revanche, les bons points restent les mêmes : les guests, qui se sont toutes avérées géniales de Madame Le Quesnois à la nounou alsacienne campée par Isabelle Nanty ; la folie de Fabienne Lepic de sa performance remarquée dans un spectacle plus dédié aux repas à la cantine qu'au développement durable à sa confection des chaussettes siamoises ou à son fumage intempestif de pétard qui la secoue pas mal ; le stress de Valérie Bouley qui va faire une exécrable chômeuse, le premier épisode où elle bipe est simplement génial ; le côté gentiment facho du petit Elliot à l'âge assez indéfini qui veut devenir « ministre de l'intérieur » désormais plutôt que « préfet » bien qu'il ait quand même des parents très de gauche ; la personnalité de chacun des autres enfants...
Bon, comme l'a déjà souligné Pierre ici, quelques problèmes scénaristiques épineux viennent assombrir le tableau. Dans le deuxième épisode, il est relativement étrange que les parents Bouley et Lepic fassent une fixette sur les relations sexuelles supposées de leurs enfants au point de passer la nuit à les pister pour leur pardonner au petit matin cet écart de conduite, une fugue quand même, et tolérer ensuite apparemment ce nouvel aspect de leur histoire.
Elliot se retrouve en quatrième dans la saison 3 de la série alors qu'il était en milieu d'école primaire dans la première, ce qui le place dans la lignée des personnages des « feux de l'amour » de ce point de vue. Les filles, Soline et Thiphaine, ont, elles, a priori redoublé une année à l'inverse, puisqu'elles entraient en seconde dans la première saison et qu'elles n'en sont ici qu'à passer leur bac français pour permettre à Christophe qui est supposé être un peu plus âgé d'avoir bac + presque 1, même si c'est mal barré, et de les distancer. Christophe préparait d'ailleurs son bac dès la première saison pour le passer dans la deuxième. Mais à la limite, on peut imaginer que les deux premières saisons se déroulent sur la même année ce qui règle partiellement le problème des aînés et aggrave celui d'Elliot qui grandit trop vite, en comparaison notamment de Lucas, qui n'en est qu'à être propre et à parler.
Quant à Christophe, on peut penser qu'il a décroché sa prépa HEC dans une boîte privée peu regardante sur ses résultats auparavant, puisque ses parents ont payé d'avance son année.
Ce ne sont que des détails, mais comme nous les pardonnerions difficilement à une série américaine, je me dois des les souligner...
Il ne faut cependant pas jeter le bébé avec l'eau du bain. « Fais pas ci, fais pas ça » demeure ce qu'on a fait de mieux en série durant ces vingt dernières années (avant il y a eu « Maguy »). Je rejoins totalement le point de vue de ma copine Samya sur l'intégration de la culture populaire dans le propos, quelque chose que personne n'avait osé avant, et j'ai hâte de redécouvrir la saison 3 en dvd, parce que je l'achèterai le matin de sa sortie.