Anthologie permanente : Maryse Hache

Par Florence Trocmé

me cherchiez-vous madame 
un espoir si charmant me serait-il permis 
  
  
et si l'on devenait ... végétal par littérature 
  
racine 
  
  
petite chose de faibles filaments ensemble 
obstinément dans l'enfonçure sous la terre profonde 
fixer un peu stable ce qui dépasse de surface 
proliférer en latérales pour chemin de flux 
et traverser en circonvolutions 
  
  

j'en pincerais bien pour la racine 
à radicelles tournoyantes 
à ramifications infinies 
à boutures adventices 
celle qui ne se contente pas de la ligne 
à moins qu'elle ne tourne 
 
et fasse cercle 
 
et reviens l'éternel 
 
je ne l'ai point encore embrassé d'aujourd'hui 

  
  
petite racine de rimbaud bleu 
sous les marronnniers blancs 
  
guêpes et orchidées 

tout à coup la montagne devenait violette 
de temps en temps elle regardait 
les étoiles danser dans le ciel 
oh pouvu que je tienne jusqu'à l'aube 
  
bruyère et chèvrefeuille 

  
petite racine de du bellay 
bouche rouge et bel aubépin verdissant 
  

petite racine de blandine tenant tête aux lions 
dans la fosse 
et quelle est cette peur dont le coeur est frappé 

  
petite racine d'horace o fons bandusiae 
  

vos yeux seuls et les miens sont ouverts 

  
compagne du péril moi-même devant vous 
au fin fond des forêts j'aurais voulu marcher 
poussière sur l'épaule 
  

petit tiroir de bois où déposer le café moulu de sa vie 
une autre fois je t'ouvrirai mon âme 

  
reviens, reviens criât la trompe 
  
  
 
  
l'écriture comme  
la sagesse des plantes: même quand elles sont à racines 
il y a toujours un dehors où elles font rhizome 
—   avec le vent, avec un animal, avec l'homme 
  
toujours à entrées multiples 
 
 
Maryse Hache, texte publié sur le site Le Semenoir et sur le site Petite racine dans le cadre de l'échange Vases communicants.  
 
Maryse Hache dans Poezibao : 
Bio-bibliographie, écho rencontre Bénézet, Di Manno fevrier 07, extrait 1, un atelier de poème