Cités

Publié le 16 décembre 2010 par Jfa

J’ai été frappé par un reportage de je ne sais quelle chaîne télé sur la dernière fusillade à la Kalachnikov, à Marseille, tuant un gamin de  16 ans et en blessant grièvement un autre de 11 ans. Le premier, vendant du cannabis, tranquillement assis sur un fauteuil derrière une table, sur la rue de la cité, c’est à dire au su et au vu de tout le monde.

Bien entendu, au petit matin, le lendemain, sous les objectifs des caméras, images retransmises sur tous les médias, gigantesque opération policière qui aboutit…, à l’arrestation d’un voleur de scooter…

Ce sont des faits, crus. Comment les interpréter ?

1- Que les dealers puissent vendre leurs produits tranquilles, au vu de tous, avec table et fauteuil sur la rue, montre, à l’évidence, qu’avec leur système de guetteurs, ils ne semblaient pas craindre grand chose d’une police manifestement peu présente.  Et c’est peut-être là que se révèle le plus visiblement la catastrophe qu’a occasionné la disparition d’une police de proximité.

2- Qu’un vrai accord, au mieux implicite, au pire explicite, s’est établi dans les cités entre la police et les dealers: les dealers font sereinement leur bizness, font régner l’ordre et la police leur fout la paix. On réserve les opérations policières à grand spectacle et à très petits résultats lorsque, comme à Grenoble, ils attaquent un casino et tirent sur les policiers, comme à Marseille, il se tirent dessus à l’arme de guerre, ou qu’ils caillassent quelques véhicules passant aux environs.

3- Le Monde titre que “Dans les quartiers sensibles, près d’un homme jeune sur deux est au chômage”. Dans ce contexte laisser le champ libre aux dealers, vu l’ampleur des sommes récoltées (plusieurs millions d’€ par an), permet que s’installe une économie parallèle prospère et limiter la délinquance hors des cités. “Braves gens des beaux quartiers, dormez tranquille, les dealers des cités veillent sur votre sécurité”. Tout est fait pour que, comme aux USA à partir des années 20, se constituent tranquillement de vraies mafias, lourdement armées, qui un jour étendront leurs lois de leurs quartiers à des villes entières.

Vous avez là, en 3 points, la réelle politique sécuritaire de N. Sarkozy et B. Hortefeux, accompagnée, comme il se doit, de phrases martiales, d’opérations médiatiques et de statistiques truquées.

- “Le protectionnisme est un outil de négociation”, Le Monde.

- “Droit au logement opposable : l’Etat reste toujours “hors la loi”", Le Monde.

- “Affaire de Karachi : le bureau de l’Assemblée refuse de communiquer des pièces au juge”, Le Monde.

- Pour les abonnés, sur MédiaPart: “Le plan secret du Medef pour dynamiter la Sécu”. Ou ce qui nous attend en cas de victoire de Sarkozy en 2012: “Il convient de conforter notre système de santé en y introduisant des réformes courageuses au plus tôt, sans doute après les élections présidentielles de 2012″. Toujours sur MédiaPart : “Quand Bercy laissait faire la fraude à la TVA sur le carbone”.

- “Histoire de la fessée”, Le Monde.