Derrière ces projets innovants, se cache un homme, architecte et scénographe, qui nous livre dans un ouvrage publié en 2005 aux éditions Norma, les dessous de sa carrière riche en anecdotes. C’est bien du créateur de la célèbre exposition-spectacle Cités-Cinés, première du genre en 1987 à la grande halle de la Villette, dont il est question. Au fil des pages, le lecteur apprend comment ce jeune architecte sorti de l’Ecole de Genève, est devenu le scénographe que nous connaissons, cet « amuseur à musée » « aux projets bien Barré » ; s’amuse-t-il à dire au sujet de ses collaborations avec François Barré, ancien directeur du CCI du Centre Pompidou. Son rêve d’enfance de devenir cuisinier, ses 400 coups à l’adolescence, de ses croquis de carrosserie sur les bancs de l’école à sa carrière de « bâtisseur », sa traversée des Etats-Unis en patins à roulettes ou son projet de couper de la canne à sucre à Cuba (!), sont autant d’anecdotes parfois loufoques qui nous font davantage comprendre sa personnalité et sa vision du métier de scénographe, influencée par « la muséologie de rupture » de Jacques Hainard au Musée de Neuchâtel.
Saviez-vous qu’il a assuré en 1977 la conception de l’exposition inaugurale du Centre Pompidou, Archéologie de la Ville ? Outre l’épisode humoristique de l’acteur nain Pierral qui déposa en prêt ses chaussures sur le bureau de Pontus Hulten par quiproquo, cette exposition fut jugée choquante à l’époque par l’Elysée au point que Valéry Giscard d’Estaing refusa de la visiter et même de l’apercevoir. François Confino nous confie que son podium fut soigneusement ré-orienté par les organisateurs lors de son discours inaugural… Le scénographe n’est pas avare à dévoiler les coulisses et les secrets de ses célèbres réalisations : l’illusion de François Léotard qui regardait ses pieds faire « flotsch, flotsch » dans ses chaussures, trompé par les effets spéciaux du tunnel de métro à Cités-Cinés ; la visite impromptue du Président Mitterrand qui trouva les vrais piliers de la grande halle fort bien imités (!); les aléas d’un direct lors de son défilé-spectacle du 50e anniversaire de la Libération de Paris ; ou encore l’incendie qui ravagea son pavillon de l’Exposition universelle de Séville avant l’inauguration…
Mais cet ouvrage a surtout le mérite de proposer une réflexion sur la scénographie d’exposition, que Confino apparente souvent à l’art culinaire, au point de proposer à la fin du livre trois recettes de cuisine. Si certains passages trop « anti-musée » sont à relever, Confino revient sur certaines problématiques : « apprendre en s’amusant », l’importance du décor, de la contextualitation, de la fiction et de l’émotion dans une exposition. Il propose ainsi une scénographie libérée de la contrainte de la vitrine et du clou, qui s’octroie le droit d’amuser le visiteur, de susciter le rire, de le surprendre, à provoquer la critique.
Les expositions populaires de François Confino ont parfois suscité critiques et controverses. Pourtant, au regard de l’importance grandissante du spectaculaire dans les expositions muséales, les paroles de Marion Lyonnais dans le dernier chapitre semblent parfois prendre tout leur sens : « Je pense que son œuvre a ouvert les portes aux musées du troisième millénaire ».
Pour aller plus loin :
Collectif, Explosition, François Confino, scénographie, Paris, Ed. Norma, 2005, 224 p.
Le site de l’agence de François Confino : http://www.confino.com/
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