Comment l’Église a couvert les crimes pédophiles
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C’est un curé français, visage masqué, voix brouillée, qui raconte avoir violé des enfants pendant des années. La réaction de son évêque lorsqu’il lui a tout avoué ? «De toute façon, pour moi, tu seras toujours prêtre.» Puis on part au Brésil, avec un évêque abuseur filmé en flagrant délit ; en Italie, dans un pensionnat de prêtres tortionnaires ; en Belgique, aux trousses d’un prêtre pédophile protégé par sa congrégation… Le documentaire de Paul Moreira rebondit d’affaire en affaire, à un rythme affolé par l’immensité de la tâche. C’est le seul petit défaut de sa grande qualité, le corollaire sans doute inévitable de son courage. S’attaquer à bras-le-corps à un sujet finalement encore peu investi, l’étouffement par l’Eglise des affaires de pédophilie. Paul Moreira démonte les mécanismes du silence. Raisons politiques, corporatistes ou banales lâchetés, tout est bon pour protéger le corps ecclésiastique sur le dos des enfants. Son approche mondiale du sujet est un choc : partout, de Mexico à Vérone en passant par Saint-Louis dans le Missouri, on retrouve les mêmes contextes, les mêmes agissements des prêtres, les mêmes automatismes d’enfouissement de la hiérarchie. Mais le plus grand mérite de cette enquête est sa mise en lumière de la stratégie du Vatican. Après des décennies de protection active des prêtres pédophiles, les années récentes sembleraient être, en effet, celles d’un changement d’attitude. Une plus grande intransigeance que l’Eglise présente au crédit du nouveau pape Benoît XVI. Paul Moreira s’y attarde et explique les vraies causes de ce revirement. Chargé, de 1981 à 2005, de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et donc des dossiers des prêtres pédophiles, le futur Benoît XVI, à l’époque cardinal Joseph Ratzinger, n’a rien trouvé à redire pendant des années aux vieilles méthodes d’omerta. Ce n’est qu’au printemps 2001 que, alerté par les évêques américains, il amorce un tournant. La cause : l’argent. Ruiné par les procès intentés par les victimes des prêtres (plus de 2 milliards de dollars - 1,5 milliard d’euros - dépensés en frais de justice), l’épiscopat américain, qui est aussi le plus important financeur du Vatican, est exsangue. Le pape décide alors d’une plus grande «transparence». Pour éviter la faillite.