Moleskine Art

L'ancêtre de Facebook

Un stop motion pour la marque Moleskine

   Pour commencer un tweet par un roi du genre : LandeYves : " En 18.000 avant Facebook, les humains éprouvaient déjà le besoin irrépressible d'exprimer sur un mur ce qu'ils avaient mangé." Un nouveau clivage de l'intime s'est opéré avec les médias sociaux, ou bien alors - tout autre chose - c'est un faux étalement de l'ordre de la téhâtralité que cet épandage sur un mur. Un mur, type "The Wall" qui nous emprisonnerait de ses rets : l'égo virtuel comme une Montgolfière attachée au sol par les fils invisibles de sa propre mise en scène.

  Le carnet intime est un autre monde car cadenassé, impartageable, brouillon et clair à la fois, comme une auto-analyse de papier. C'est un objet secret et irrationnel qui recèle en son alcôve de cuir ce que nul autre que soi ne peut comprendre. Il n'est pas social car il est une âme écrite, le bouillonnement permanent de ce qu'on ne dit pas aux autres, un jardin secret. Il est l'œuvre d'art d'un seul artiste pour un seul spectateur. C'est le palimpseste indescriptible de nos états d'âmes.

  Une césure profonde s'est donc opérée entre ce simple carnet intime et ce mur froid qui intime l'autre de nous voir tels que nous voulons paraître. L'un comme l'autre mentent aux autres. L'un pour obérer les secrets de la pudeur, l'autre pour botter en touche en montrant un endroit fictif où l'on n'est pas, une illusion, telle celles des oasis dans le désert. Un faux fuyant. L'un comme l'autre portent en eux le clivage entre notre intériorité et notre être social. Les apprêts sont différents. Le moi ne se constituant que par ce qu'il fait, écrit ou dit, que par ce qu'il ne connaît pas de lui même et qui advient l'un (Moleskine) et l'autre (facebook) sont devenus indispensables à la manière d'un masque à deux faces.

  Ce que nous sommes vraiment - linsaisissable être en soi - est la matrice entre les deux.