Waisale Serevi
Alors que nos amis manchots sont en pleins « états généraux du football » pour réformer leur fédération vieillissante, il aurait été plus intelligent que ce « Grenelle » (le mot fashion depuis 2007) s’applique aussi aux autres sports français. Au rugby également des présidents vieillissants originaires de Lozère ou du Béarn et plus au fait des résultats de La Voulte ou de Lourdes que de ceux des méchants mercenaires du Racing et de Toulon pilotent la vitrine du rugby pro français. Alors hormis l’état lamentable de l’équipe de France à XV, le projet de grand stade toujours repoussé à la prochaine grande bouffe (appelé également comité exécutif), l’impossibilité de pacifier les relations avec la Ligue (qui soit dit au passant ne vaut pas mieux depuis le départ de Blanco), le merchandising quasiment pas développé… lourd passif pour la bande à Camou, toujours prompte à se retrancher derrière les sacro-saintes valeurs de l’ovalie qu’il faut absolument préserver bla bla bla. Mais le but de cet article est de parler d’une honte française, encore plus flagrante depuis le début de l’année, le rugby à VII. Depuis des années j’entends que le Sevens va devenir une priorité française, d’abord de la bouche de Laporte, puis de celle de Lapasset et enfin de nos coachs actuels, mais ils n’ont visiblement toujours pas compris l’intérêt de ce sport. Les deux derniers résultats obtenus à Dubaï puis George ne permettent pas à la France de figurer au classement où figurent tout de même les plus grandes nations du rugby à XV ainsi que… les Etats Unis.
Ben Gollings
Certes le rugby à sept permet de « former » les futures stars de l’équipe de France à XV, mais encore faudrait-il sélectionner les bons espoirs. De nombreux futurs Wallabies et All Blacks sont passés par leurs équipes nationales à 7 pour développer leurs skills, des 3e lignes au trois-quarts. En France seuls Julien Malzieu et Farid Sid peuvent se targuer d’avoir évolué au plus haut niveau dans les deux disciplines. Mais limiter le sept à un centre de formation est bien réducteur pour la discipline la plus mondialisée du ballon ovale. Waisale Serevi, William Ryder, Ben Gollings, Santiago Gomez Cora, Fabian Juries, Uale Mai, Amasio Valence… ou autant de joueurs peu connus du supporter quinziste mais dont les exploits pullulent en vidéo sur youtube. Ces spécialistes du VII n’ont eu qu’une carrière modeste à XV étant considérés comme excellent en attaque mais « porte de saloon » en défense. Combien de joueurs français n’ont pas eu de carrière internationale à cause de ces critères plus que subjectifs? Entre les Teulet, Bidabé, Thierry, Arias, Baby, Courrent, Candelon, Durand, Bousses (liste non exhaustive), il y avait pourtant de quoi bâtir une équipe compétitive pour représenter la France depuis des années. Le tournoi IRB Sevens n’est composé que de huit dates, dont deux ayant lieu après les phases finales, donc rien de bien handicapant pour les clubs du Top 14. Alors certes il n’existe pas d’accord de libération des joueurs entre la LNR et la FFF pour cette discipline, mais encore aurait-il fallu entamer des négociations dans ce sens! Au lieu de les lancer dans le grand bain face aux Wallabies ou au Springboks, pourquoi ne pas avoir envoyé Yoann Huget et Wenceslas Lauret faire leurs gammes à sept. Aujourd’hui de nombreux espoirs français comme Hugo Bonneval, Djibril Camara, Quentin Valençon, Julien Fritz, Tanguy Molcard, Adrien Ayestaran, Rémi Lamerat ou Jean Marc Doussin (liste encore une fois non exhaustive) sont cantonnés aux matchs espoirs et à des bribes de Top 14, obligés d’attendre l’été pour se faire marcher dessus par les sudistes lors des Coupes du Monde junior. Côtoyer les exigences du niveau pro international ne pourrait que leur être bénéfique. La fédération anglaise a offert des contrats pro à leurs stars de cette discipline avec à la clé une victoire et une finale en deux tournois… la solution passe peut être par là.
Ollie Phillips
La donne a changé l’an passé quand, ironie du sort, Bernard Lapasset a obtenu l’inscription du rugby à VII aux Jeux Olympiques de Rio en 2016. HSBC parraine désormais des World Series dont les éditions ont lieu sur tous les continents du globe. Il est désormais impératif que la Ligue et la Fédération s’entendent pour qu’enfin la France soit compétitive et ne soit plus la risée du VII. Il faut également éviter que des imbroglios comme cet été avec les vraies/fausses sélections de Palisson, Burban, Estebañez (quoi? un bourrin à VII?) et Ouedraogo se reproduisent, et surtout que des joueurs comme Ollie Phillips (accessoirement élu meilleur joueur de l’IRB Sevens 2008-09) soient victimes de nos querelles de franchouillard. La France a souvent utilisé la politique de l’autruche avec cette discipline, se contentant de faire bonne figure à domicile (en sélectionnant Vincent Clerc lors de notre seule victoire à Charléty en 2005 par exemple), mais la perte du statut de tête de série et les récentes débâcles face aux « redoutables » Portugais et Russes (une victoire face aux « anglais » des Emirats est tout de même à mettre à leur actif) ne sont plus tolérables. La fédération a peut être en tête d’envoyer à Rio les 12 meilleurs arrières du Top 14 édition 2015-16 ce qui démontrerait bien qu’ils n’ont toujours rien compris. Nos deux équipes de France sont pour le moment dans un état dramatique, et c’est bizarrement la même entité qui en est responsable… Alors est-ce toujours la faute du calendrier, des blessures, des dopés, des médias, des autres… ? Cette discipline magnifique devient désormais majeure et globale, et elle mérite en tout cas mieux que les moyens à sa disposition actuellement.
Quelques liens:
- Club des supporters de l’équipe de France de rugby à VII
- HSBC IRB Sevens World Series
- Ultimate Rugby Sevens