Les collectivités locales n’ont pas attendu les négociations de Cancun sur le climat qui se sont tenues du 29 novembre au 10 décembre, pour se fixer des objectifs ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre. C’est ainsi qu’est né, dans le cadre du Sommet Mondial des Maires pour le Climat, le « Pacte de Mexico » ratifié par plus de cent maires de grandes villes du monde.
- Le rôle crucial des collectivités dans la lutte contre le réchauffement climatique
En Europe, 70% de la population vit dans des zones métropolitaines et plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre sont produites en zone urbaine. Le même constat peut être établi dans les autres pays du monde industrialisés. Une donnée importante dont il faut tenir compte est l’urbanisation galopante dans les pays en développement. Aujourd’hui, à l’échelle mondiale, 50% de la population vit dans les villes, en 2050 ce chiffre devrait dépasser le seuil des 75%.
Les villes ont donc un rôle central à jouer dans la lutte contre les émissions carbone. D’autant plus que, d’après les informations données par la Tribune, parmi les principales économies du monde, 34 sont des villes et 13 sont des entreprises. Les cités font des pieds et des mains pour attirer investisseurs, entreprises et nouveaux résidants.
- Des actions déjà lancées
En 2007, lorsque les gouvernements nationaux ont adopté le plan d’action de l’ONU sur les changement climatiques, les collectivités locales ont signé l’Accord mondial des maires et des gouvernements locaux pour la protection climatique et ont développé une Feuille de route des gouvernements locaux pour le climat pour reproduire et influencer les travaux des futures Conférences des Parties sur le climat (COP).
Suite à la Conférence de Copenhague en 2009, les collectivités locales ont publié le Catalogue de Copenhague sur le climat, avec plus de 3.500 engagements locaux de réduction volontaire des gaz à effet de serre.
- Pourquoi le Pacte de Mexico?
Les collectivités, des partenaires incontournables
La signature du Pacte a constitué une étape supplémentaire dans l’engagement des villes, pour rendre quantifiable leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et pour développer de nouvelles actions de réduction.
Les maires et autres représentants de collectivité s’affichent ainsi comme des partenaires incontournables dans la lutte contre les changements climatiques. Les négociations futures sur les mesures à prendre dans ce cadre ne pourront pas se faire sans tenir compte de l’avis des maires.
Mesurer les émissions
Ronan Dantec, porte-parole « climat » du CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis) et vice-président de la communauté urbaine de Nantes Métropole, a déclaré à l’occasion du Sommet de Cancun : « au Sommet des Maires contre le Changement Climatique à Mexico, le 21 novembre dernier, des villes du monde entier se sont engagées sur des objectifs que nous voulons rendre mesurables, reportables et vérifiables (MRV), au sens de la Convention cadre des Nations-Unies, ce qui facilitera demain notre intégration dans différents systèmes de comptabilité et de financement. Nous sommes porteurs de propositions ambitieuses et efficaces, nous vous demandons de les prendre en compte ».
Reconnaissance officielle
Les collectivités territoriales demandent par ailleurs une reconnaissance officielle de leurs actions et démarches en faveur du développement durable et de la lutte contre les GES. En effet, sans l’engagement et les actions locales des grandes villes et agglomérations, il ne sera pas possible d’atteindre des objectifs de réduction de gaz à effet de serre compatibles avec des changements climatiques supportables.
- Le Pacte de Mexico
Le Sommet Mondial des Maires sur le Climat qui s’est tenu à Mexico le 21 novembre 2010 a été co-organisé par la ville de Mexico, ICLEI (Conseil international pour les initiatives écologiques locales), CGLU (Cités et Gouvernements Locaux Unis) et le « World Mayors Council on Climate Change » (Conseil mondial des maires sur le changement climatique) et a rassemblé 138 Maires de 43 pays.
Villes signataires
138 villes et agglomérations du monde entier ont signé le Pacte le 21 novembre 2010 à Mexico, dont 9 grandes collectivités françaises : Bordeaux, Brest, Dunkerque, Grenoble, Lyon, Nantes, Orléans, Paris, communauté d’agglomération Plaine Commune. Bogota, Jerusalem, Barcelone, Istanbul, Los Angeles, Rabat…et tellement d’autres.
Les villes encore non signataires pourront rejoindre la liste via le site Internet qui sera dédié à ce Pacte, la ville de Mexico travaille actuellement à la création du site.
Les engagements du Pacte
Aussi appelé « Pacte climatique mondial des villes », le Pacte engage ses signataires à :
- réduire volontairement leurs émissions de gaz à effet de serre par la mise en oeuvre d’actions locales ;
- développer des stratégies locales d’adaptation aux changements climatiques ;
- enregistrer les inventaires, les engagements et les actions de façon « mesurable, reportable, vérifiable » (MRV) dans le « Registre climat des villes carbone » ;
- encourager la création de mécanismes d’accès direct aux financements internationaux pour les actions climat locales ;
- promouvoir l’implication de la société civile dans la lutte contre le changement climatique, ainsi que la coopération internationale entre les villes.
- L’avis Sequovia
Il est nécessaire de créer un cadre fixe et commun à toutes les collectivités dans les mesures des émissions de CO2 pour qu’une étude comparative puisse être menée d’un bout à l’autre de la planète. Le Pacte de Mexico pose des bases importantes pour le développement d’une structure et d’outils communs dans la lutte contre le réchauffement climatique. Plus les collectivités seront amenées à travailler en interaction les unes avec les autres, plus les avancées pour le climat se feront ressentir. L’année 2010 aura été plus porteuse en termes de lutte pour la protection du climat que l’année 2009. Espérons que 2011 le soit davantage encore!