Certaines actions militantes font converger, non sans affairisme, une stupidité empreinte d’arrogance et l’illusion de la révolte sociale. Parmi celles-ci, il convient de retenir l’exemple du reportage critique de Morgan Spurlock, « Supersize me » (2005), ou le petit pamphlet pathétique d’un prométhéen contre la malbouffe des fastfood « Macdonald ».
Pour illustrer le caractère néfaste de la consommation frénétique de burgers, dont alors personne n’est au courant, le réalisateur entreprend la démarche suivante : ingurgiter, pendant un mois, les trois repas quotidiens (petit déjeuner, déjeuner, diner) aux nombreuses domiciliations du clown Ronald « ça » Macdonald.
La résultante de cette formidable expérience humaine est édifiante : Steven souffre de prise de poids, de dépression, d’addiction… non, définitivement, rien ne vaut l’empirisme de la connaissance !
C’est alors qu’en exergue du film, Morgan Spurlock témoigne, d’une humilité christique, en quoi le film a contraint MacDo de retirer sa formule « supersize ». Miracle !
Bilan de l’opération : la célèbre enseigne a depuis fermé boutique pour faillite et s’est reconverti dans le radis équitable.
Quand a l’ami Morgan, qu’on se rassure, sa santé s’est améliorée : il s’est reconverti dans la télé et empoche les billets.
En outre, quiconque a étudié un tant soit peu les propagandes politique et commerciale sait que toute critique d’un produit ou d’un service, fut-elle apologie ou dénonciation, en fait la promotion. Par conséquent, « Supersize me » demeure à ce jour le meilleur film publicitaire que Macdonald pouvait espérer…. ou peut-être commander. "Le viol des foules par la propagande politique", célèbre essai d'un disciple de Pavlov, Serge Tchakhotine, vous livrera quelques techniques.
Quoi qu’il en soit, dans une optique carriériste, pour Morgan Spurlock, c’est le parcours sans faute !