Le Jardin botanique s’enrichit d’un fascinant «pensionnaire»

Publié le 15 janvier 2008 par Raymond Viger

Il est maintenant possible de contempler au Jardin botanique de Montréal un exemplaire de l’un des arbres les plus rares au monde : le pin Wollemi. Il n’en existe plus qu’une centaine d’individus, rassemblés dans un endroit gardé secret du parc national Wollemi, à 200 km à l’ouest de Sydney en Australie.

Afin d’assurer sa survie et peut-être un jour sa réinsertion un peu partout dans le monde, un programme de multiplication a été mis sur pied à l’échelle internationale. Ainsi, plusieurs jardins botaniques d’Europe et d’Amérique – dont le Jardin botanique de Montréal — ont pu obtenir un spécimen cultivé de ce conifère, lequel trône actuellement dans la serre abritant la collection des penjings.

Ce spécimen fait environ deux mètres de hauteur. Magnifique, son écorce fait penser à des bulles de chocolat en ébullition. Plus étrange encore est son classement dans la nomenclature des espèces connues…

Le pin Wollemi appartient à une famille d’arbres très ancienne, les Araucariacées, contemporaine des dinosaures. Jusqu’au milieu des années 1990, les livres de botanique reconnaissaient à cette famille 31 espèces réparties en deux genres, Agathis et Araucaria. Or, en 1994, lorsque David Noble, un garde forestier du parc national Wollemi, pénétra dans un canyon isolé et se retrouva devant ces spécimens, il ne put dire, malgré ses connaissances, de quel arbre il s’agissait.

Après analyse, ce fut la stupéfaction : «On a réalisé que l’on était en présence non seulement d’une nouvelle espèce, mais d’un tout nouveau genre d’Araucariacées, un troisième resté inconnu jusqu’à maintenant, un phénomène extrêmement rare de nos jours quand il s’agit de végétaux d’aussi grande taille», explique M. Stéphane Marc Bailleul, botaniste au Jardin botanique de Montréal.

Le nouveau conifère, dont le genre fut baptisé Wollemia et l’espèce nobilis, se retrouve dans une position intermédiaire entre les deux genres connus. Son étude permet aujourd’hui de réinterpréter les fossiles d’Araucariacées. Particulièrement certaines espèces fossiles d’Araucaria et d’Agathis qui, maladroitement positionnées dans leur genre, pourraient maintenant être mieux placées dans le genre Wollemia. En résumé, selon le botaniste, «cette découverte laisse croire qu’au crétacé [l’époque des dinosaures] les Araucariacées n’étaient pas composées que de deux, mais probablement de trois genres distincts : Araucaria, Agathis et Wollemia et que le Wollemia nobilis serait un descendant direct et la seule espèce encore vivante de ce genre.»

Le pin Wollemi est réintroduit dans le monde entier depuis avril 2006. Le grand public peut également commander ce fascinant végétal, pour la modique somme de 150 $ CAN.

Pour en savoir plus :

www.wollemipine.com