Nous descendions souvent au port pour regarder le temps passer. Nous regardions les bateaux rentrer, en identifiant de loin certains chalutiers dont les noms exprimaient encore l'hispanité de leurs anciens propriétaires ou des noms de saints chrétiens, Baudroie, Raoul, Les jumeaux, Campillo, Saint Raphaël, Espérance et j’en passe, il y avait plus de 40 chalutiers armés au Port de Béni-Saf, ou encore en souvenir des proches des nouveaux propriétaires …
Nous suivions des yeux les mouettes sur le sillage des bateaux et rêvions face à la mer bleue ou regardions ce marin, rentrant d'une pêche miraculeuse, tenant à la main, la gueule dans un crochet, un râpé, ce poisson familier à l'air rieur, ou encore lorsque les chalutiers s’approchaient du quai, après de grands signes, un frère, un parent, un ami ou tout simplement un voisin était venu saluer les siens.
Même les mouettes se bousculaient pour avoir une part du butin et tout recommençait tous les jours.
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