Ce qui m’attira dans mes flâneries ibériques, ce sont les visages des gens; je croyais rencontrer ceux qui ont fait l'histoire de mon patelin avant la guerre : Martinez, Garcia, Falcone, Ruiz, Campillo ou Hernandez descendants de ces espagnols qui vécurent longtemps à Béni-Saf.
Ces espagnols qui, un soir de février à Béni-Saf, alors que Radio Madrid annonçait la victoire du "Frente Popular", ils se donnèrent de grandes claques sur l'épaule de l'un de l'autre, levèrent leurs poings en l’honneur et à la gloire de la révolution et burent tard dans la nuit.
Le lendemain, ils étaient tous là attendant que Radio Madrid leur répétât ce qu'ils avaient déjà entendus : qu'on leur prédit la fin de la misère.
Jour après jour, ils appelèrent de toutes leurs forces pour le changement mais lorsqu'ils comprirent que le «Frente Popular" était à bout de souffle, ils renoncèrent à écouter la radio jusqu'au jour où le bateau d'Infante accosta à Béni-Saf et apporta les nouvelles. Alors ils se regroupèrent en traitant les fascistes et les généraux de "cerdos " et d'assassins, exigeant des armes et se serrèrent les poings en criant "Venganza".
Le 15 février 1936, Madrid fête la victoire du Front Populaire emmené par Manuel Azaña aux dernières élections générales.
Le 28 mars1939, les troupes du général Franco font leur entrée à Madrid.
Voici quelques maisons où habitaient ces espagnols, les premiers arrivés à Béni-Saf fuyant la misère de l'Espagne ou suite à des aventures hasardeuses en provenance d'Oran...
La terre où l'on est né, ne peut s'oublier. Jamais.
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