Ségolène Royal montre par ses propositions l'impossibilité de la cohabitation entre des gauches désormais inconciliables.
Au sein du Parti Socialiste, rien n'a été réglé depuis … 2005.
A cette époque, après le referendum sur l'Europe qui a profondément divisé le PS face à des cadres qui avaient conduit la bataille du non contre les décisions pourtant majoritaires des instances du Parti Socialiste, Michel Rocard accorde un entretien au Nouvel Observateur le 20/08/05.
Avec la qualité d'analyse qui le caractérise, Michel Rocard exposait les enjeux incontournables.
Il dénonçait les dangers de la synthèse qu'il qualifiait même "d'ennemie" : "la synthèse est une capitulation des guesdistes, pourquoi pas? Mais je n'y crois pas parce que j'estime mes adversaires. Je crois la démarche de Fabius profondément opportuniste.
Mais Emmanuelli est un guesdiste sincère. Mélenchon, un intellectuel, presque un philosophe de la politique. Je ne mets pas leur honnêteté en doute. Et je ne minimise pas nos désaccords.
Quand je lis les tenants du non à la Constitution européenne, je me rends compte à quel point des gens comme moi sont un boulet pour eux. Ils pensent que le choix de l'Europe est un piège qui nous entraîne dans le néolibéralisme en nous privant de nos leviers de commande.
Ils croient au retour de la politique nationale. Je pense exactement le contraire.
Au fond, nous devenons de jour en jour insupportables les uns aux autres. Nous nous paralysons mutuellement. Nous devons nous libérer".
Rien n'a été réglé depuis cette date.
Aucune "libération" n'est intervenue ; bien au contraire !
Le PS compte en effet toujours parmi les siens des modérés et des intégristes.
Non seulement rien n'a été réglé, mais il est même probable que le fossé s'est encore creusé car la gauche ultra prend une place de plus en plus forte notamment lors de l'actuelle radicalisation dans le cadre des récentes grèves et des manifestations contre la réforme des retraites mais aussi dans l'élaboration des propositions sur le projet dit de l'égalité réelle.
La démarche comme les propositions de Ségolène Royal montrent que la crise des gauches est désormais incontournable.
La question est seulement de savoir si elle interviendra avant la présidentielle 2012 ou dès le lendemain d'un nouvel échec à cette présidentielle ?