Le niveau de l'école française recule, cause et effet du déclin de notre pays

Publié le 14 décembre 2010 par Pierrehk

Tout le monde s'accorde à penser que l'éducation est fondamentale pour l'avenir d'un pays. Si tel est le cas, l'avenir de nos enfants et petits enfants ne sera pas brillant, car depuis 20 ans, chaque étude, l'une après l'autre, confirme le déclin de la France dans le classement mondial de l'instruction.

Si l''école française ne parvient pas à lutter contre les inégalités, comme l'étude internationale "Pisa" 2009 dévoilée il y a peu le constate, ce n'est à mon avis pas le plus grave. Ce qui est dramatique, c'est que le niveau global s'effondre, car le bon niveau de nos élites ne peut plus compenser la chute continuelle du niveau des classes moyennes et populaires.

Rappelons que Le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves (Pisa) compte 65 participants: 34 pays membres de l'OCDE ainsi que 31 pays ou économies partenaires. Comme lors de la précédente enquête de 2006, la France se situe dans la moyenne de l'OCDE pour les trois compétences étudiées (21e en compréhension de l'écrit, 22e en mathématiques et 27e en sciences). Mais loin derrière le podium composé de Shanghai - qui participait pour la première fois -, de la Corée du Sud et la Finlande.


En fait, le chiffre le plus alarmant est la proportion des élèves de 15 ans "les moins performants en compréhension de l'écrit" qui est passée de 15% à 20%, selon l'OCDE. Dans le même temps, le pourcentage des plus performants a augmenté de 8,5% à 9,6%. De la même façon, la proportion des élèves les plus faibles en mathématiques a augmenté de 16,6% en 2003 à 22,5% en 2009, alors que la proportion des meilleurs restait sensiblement identique.


"Il y a de plus en plus d'élèves en échec scolaire, les inégalités se sont creusées. C'est un signal d'alarme pour la France qui avait déjà été tiré par l'OCDE en 2006 et qui l'est de nouveau", a commenté Eric Charbonnier, expert éducation à l'Organisation. La comparaison avec le Danemark est instructive, relève-t-il: les deux pays sont moyens, mais la France parce que "la proportion de son élite est toujours aussi importante", alors que le Danemark a surtout peu d'élèves faibles. On constate donc qu'en France, l'école ne parvient pas à corriger les inégalités de départ: "l'impact du milieu socio-économique sur la performance" y est plus grand que la moyenne OCDE.

S'il n'est pas surprenant de voir les pays d'Asie de l'Est truster les premières places, et de constater le niveau honorable des pays d'Europe du Nord, en tant que frontaliers, on ne pourra s'empêcher de comparer le score de la France avec celui de la Suisse voisine; et il est sans appel:


- en mathématiques, avec une note de 534, la Suisse occupe le 8ème rang contre le 22ème (sur 35) pour la France avec un score de 497
- en sciences, la Suisse est 8ème (score de 517) quand la France occupe le 27ème rang (score de 498)
- en lecture, la Suisse progresse depuis 2006 et atteint un score de 501, quand la France recule avec un score moyen de 496 qui la situe au 21ème rang.

Alors comment expliquer que les inégalités scolaires se soient accrues en France depuis 2000, malgré tous les discours officiels qui font de l'éducation la clé de voute de notre avenir sociétal. Il faut bien reconnaître qu'il y a là un échec profond, et qu'il ne sert à rien de rejeter la faute sur l'un ou l'autre des camps politiques: c'est notre système de valeurs qui sous tend l'organisation de l'éducation qui doit être repensé, et si possible ensemble. Il est urgent de sauver notre système d'éducation, si nécessaire en organisant un "Grenelle de l'éducation".

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