Au matin il fait gris et, très vite, il pleut. Nous sommes vendredi 13 et notre chance a été le soleil d’hier. Imaginons la longue randonnée sous la pluie !
Contre le vent une écharpe, des gants ou un col qui monte bien sont utiles, de même qu’un surpantalon. Ne pas oublier la housse de sac, avec lacets serrant, pour ne pas mouiller tout l’intérieur. La pluie, si elle est rarement diluvienne, est persistante et s’immisce un peu partout. La cape tient trop chaud, claque au vent (et peut se déchirer), elle encombre tous les mouvements. Elle est à réserver pour les pluies fortes, pas les pluies d’été en Islande.
Nous marchons vers le lac glaciaire profond de 200 m où le glacier Breithamerjökull déverse ses icebergs. Ils se cassent de la moraine à marée haute lorsque l’eau salée de la mer vient réchauffer le lac. Ils flottent sur 20 km². La glace y est plusieurs fois millénaire, grise de cendres ou bleue. Des scies diesel rompent le silence, ce sont des véhicules amphibies qui font visiter le lac aux icebergs aux touristes venus en voiture sur le parking à l’opposé. L’oiseau grand labbe est agressif. Si l’on s’approche trop près du nid, il pique sur vous et se rapproche à chaque boucle si vous ne vous éloignez pas. L’imprudent se voit flanquer un coup d’aile, voire un coup de bec. Toujours regarder derrière soi quand il y en a dans les airs. Ces gros oiseaux ont l’air pataud de canards lorsqu’ils sont assis sur leur aire, en général sur un rocher plat où l’on voit l’orbe de leur ventre qui a creusé l’herbe. Mais quelques ossements subsistent au fond, qui ne sont pas petits : aussi gros que des os de poulet ! Vivent ici aussi des pluviers, des sternes et des eiders. Mais je vois une sterne poursuivre un grand labbe, qui ne demande pas son reste. Les sternes seraient-ils plus agressifs et plus rapides que les grands labbes ? Un eider a pêché un poisson qu’il a du mal à tenir dans son, bec. Il le livre aux petits qui tournent autour de lui et qui le déchiquettent.