Le cuivre est l'un des baromètres économiques et financiers parmi les plus larges qui soit, capable d'envoyer très tôt des signaux précurseurs concernant la croissance économique mondiale. Il entre dans un nombre considérable de productions dans des domaines très variés (électricité, énergie, électronique, automobile, immobilier etc..) et fait figure de thermomètre avancé des besoins en matériaux de base nécessaires sur la planète entière.
Surnommé Docteur Copper (cuivre en anglais) pour sa capacité à prendre le pouls du cycle économique, il permet d'approcher également indirectement le niveau de spéculation et l'aversion au risque présentes sur les marchés.
Pour mémoire et cas le plus flagrant, pris de fièvre au printemps 2008 (voir les articles de présentation du 10 et 11 mai 2008) les divergences très prononcées sur les indicateurs techniques (tracés fins et en pointillés – 1er graphique) alertaient sur un début de faiblesse qui s'est matérialisée dès la fin de l'été propulsant le cuivre dans le vide (article du 7.9.08) bien avant les marchés actions (de même à la hausse)
Autre exemple et autre type d'utilisation plus proche de nous. La sévère baisse de la bourse de Shanghai durant le mois d'août 2009 laissait planer un risque de contagion vers les marchés occidentaux. En associant le suivi de la bourse de Shanghai à celui du cuivre qui refusait clairement de céder, Docteur Copper avait permis de doser ce risque de contagion entre correction régionale et correction mondiale sans sur-réagir à l'évènement chinois et aux informations de presse sur le sujet.
A très court terme, les faux signaux peuvent être nombreux. A très long terme, il convient de ne pas oublier les grands mouvements séculaires et (multi) décennaux qui caractérisent les matières premières. Utile à moyen et long terme, il peut s'avérer redoutable d'efficacité lors de changement de cycle sur ce type d'horizon comme en 2008.
En tenant compte de l'inversion de tendance au tournant du siècle qui a mis fin à 20-30 ans de repli des matières premières, le cuivre présente une probabilité assez élevée d'entrer dans un nouveau cycle actuellement.
Il est trop tôt encore en cette mi-décembre pour conclure sur le franchissement de la résistance en cours à partir de données mensuelles (second graphique) mais la clôture de décembre est d'une importance au moins équivalente en théorie à celle de la mi-2008 avec des enseignements à suivre de près.
Sur un plan fondamental le Président de Codelco, N°1 chilien qui représente 12 % de la production mondiale à lui seul anticipe un prix aux alentours de 400 pour 2011.
La Chine a augmenté ses importations de cuivre de 28,5 % en un mois à plus de 350 000 tonnes en novembre dans un environnement où les anticipations du marché évoluent autour d'un déficit de production au niveau mondial de 360 à 370 000 tonnes l'an prochain.
Dans cet environnement favorable et ce climat de flambée, la configuration graphique est par contre un peu en retrait paradoxalement compte tenu d'une résistance majeure non loin des sommets actuels (flèche orange) qui n'augure plus d'un potentiel haussier important. Nous reviendrons tout début 2011 avec une analyse en 'zoom' sur cette zone déterminante entre 400-450 pour en préciser les seuils décisifs.