DEUXIEME PARTIE: POWER
L'année 2007 est marquée par la sortie simultanée de "Graduation", son 3ème album et du Curtis de 50 Cent. Vu que des tas de billets verts sont en jeu et que tout le monde adore ça, les deux loulous entament un clash particulièrement virulent dont l'issue ne peut qu'être définie par les scores de ventes de disques (le truculent Fifty ira jusqu'à mettre le futur de sa carrière dans la balance sans assumer par la suite). Kanye sortira vainqueur de cette joute qui n'était qu'une simple farce mais le clivage entre ses fans et ceux de Curtis Jackson met en exergue une certaine cassure entre Kanye et la "base" Hip Hop (toute proportion gardée, quand on connait le public du G-Unit...).
Ce "Graduation" assez médiocre et peu inspiré accroit un peu plus le schisme entre les amateurs de la peluche et les backpackers demandeurs notamment de beats moins déconcertants que les 13 pistes technoïdes et froides de ce troisième album. Kanye West traine avec les Daft Punk, se fait remixer par A-Trak et tient un blog où il parle de déco, de tendance et de la fashion week. Il est devenu une sorte de personnage hybride, moitié rappeur, moitié gravure de monde, un artiste déconcertant et de plus en plus dur à cerner. On retiendra surtout de cet album le glaçant "Flashing Lights", laissant percevoir un Kanye quelque peu désabusé par la gente féminine (et ce n'est ni la première, ni la dernière fois).
Moins d'un an plus tard, l'éternel hyperactif se présente avec un projet nouveau et hautement conceptuel. 808s & Heartbreak est un album où Kanye ne s'exprime qu'au travers du prisme de l'autotune sur des musiques Pop/électroniques expérimentales. Cet album très sombre, presque désespéré est fortement marqué par les drames récents de la vie de West: une récente rupture amoureuse et, surtout, la perte de sa mère. Au final, un album inégal mais néanmoins très marquant dans sa
Je passe volontiers sur les polémiques médiatiques concernant ses abus aux MTV Awards parce qu'honnêtement, j'en ai rien à foutre. Ca ne sert qu'à faire bouffer les médias people ce genre de trucs. L'état dans lequel Kanye se trouve à ce moment est dans la droite ligne de la déprime qu'il exhibe dans "808s & Heartbreak". Cette curée lui permettra néanmoins de se mettre au vert un moment et de réfléchir calmement à la suite des évènements. Avec un peu de recul, on peut dire que c'est à ce moment que Kanye a digéré 9 ans d'une course effrénée vers le succès.
En conséquence, 2010 aura été l'année West. Le mois de juillet est marqué par le leak d'un premier single, le monumental "Power". A partir d'octobre, on trouve un morceau inédit chaque vendredi sur kanyewest.com, ce sont les G.O.O.D. Fridays. Runaway, un court métrage
La suite est connue: une consécration ultime par les grands médias et un authentique triomphe public. Si Kanye West a finalement tourné le dos à une certaine idée du Hip Hop, c'est pour inventer sa propre musique à la croisée des chemins, illustrant à merveille la versatilité, la bipolarité et la confusion régnant dans cet esprit agité.
En tous les cas, le succès est plus que jamais au rendez-vous. L'enfant de Chicago est peut être en passe de devenir le plus grand artistes noir américain depuis son idole Michael Jackson. Quelle que soit la suite des évènements (et il est dur de croire que la vie sera un jour un long fleuve tranquille pour quelqu'un comme lui), Kanye West restera comme un artiste majeur de ce début de XXIème siècle.
* La playlist Kanye West (morceaux d'albums, featurings, productions...) sur Spotify