Origine des étrennes et des fêtes de Noël

Par Veronique99

Marie-José Baudoin nous a ensorcelé et passionné avec sa causerie sur les fêtes et étrennes antiques romaines et leurs emprunts aux dieux grecs et corrigé mes erreurs prises sur le net.

Je remercie les cinquante personnes qui se sont déplacées et qui ont apprécié l’humour et la prodigalité de notre conférencière.

"Revenons à nos fêtes romaines, chez les riches romains, tous étaient occasion de faire la fête et de prendre des loisirs et du plaisir. Du 15 décembre avec Consualia, dieu agraire et ses réserves abondantes, aux saturnalia et ageronalia le 21. Mieux valait-il rendre les dieux bienveillants à leur égard et leur offrir les fumées des festins que l’on faisait en leur honneur et donnant, donnant, on entrait ainsi dans leurs bonnes grâces. Chaque mois ou saisons étaient prétexte à célébrer la terre et le cycle de la nature qui les nourrissaient. L’hiver là, sans lumière surtout à cette époque, on attendait le printemps pour voir la nature reverdir avec des fêtes « saturnalia puis ageronalia ». Si octobre le huitième, novembre le neuvième et Décembre le dixième mois, pour les romains Mars était le premier. Il était donc important de se réjouir de l’allongement des journées à partir du 21 décembre.

On fêtait la déesse Agerona, déesse du passage des jours étroits noirs et angoissants vers le retour du soleil vivifiant. Deux mots sont dérivés de cette divinité : l 'angine et l'angoisse. On la figurait avec un doigt sur la bouche et on la plaçait sur l’autel de Volupia, déesse des volontés satisfaites. Pendant ces fêtes, on inverse les groupes sociaux: les esclaves dînent à la table des maîtres, servis par eux; chacun porte la tunique, vêtement des pauvres et le PILEUS LIBERTATIS, le bonnet phrygien de l'affranchi.
Les tribunaux et les écoles pour aristocrates étaient fermés, les exécutions interdites. On fabriquait et on offrait de petits présents (saturnalia et sigillaricia). On commémore Saturne et l’âge d’or où les hommes vivaient heureux comme les Immortels. Devant le temple de Saturne, on s’offre un festin débridé (convivio dissoluto) en criant « Io Saturnalia ». On s’offre des chandelles de cire pour conjurer les inquiétudes du solstice, avant la renaissance du soleil. On s’offre aussi des figurines en argile (sigillaria) en sacrifice expiatoire pour soi et les siens à Saturne au lieu de Dis (dieu des morts) . Les riches italiens donnaient de somptueux repas. Produits de la mer, volailles, veaux, cochons mais pas de boeuf étaient cuisinés par leurs employés avec des épices et on en a des recettes d'Apicius, scribe de Tibère, empereur romain.

Les romains cessaient leurs travaux: la population se portait en masse, en chantant ou hurlant vers le mont Aventin.
On suspendait des figurines en terre cuite, cire ou pain au seuil des maisons et aux temples des carrefours. Des porteurs distribuaient ces présents avec des courts poèmes satiriques ou qui jouaient sur la concision, l'élégance, les effets de surprise et l'art de la pointe finale comme le poète espagnol et romain Martial savait les écrire. Parfois c’était les jeux de loterie qui permettaient de ramener chez soi des cadeaux allant de simples nourritures, au plat d’argent ou bijoux et parfois de nouveau ou nouvelle esclave !!!!!! "

Voilà une sympathique origine, pour les cadeaux et les étrennes de l’Antiquité à nos jours, je souhaite pour tous un retour vers la protection de notre environnement naturel et social en ce moment de Noël.
Un superbe buffet, digne de Rome de patina à la poire, gâteau au miel et aux noix accompagnés de vin à la violette et vin miellé chaud a détendu encore plus cette collation conviviale.