Quelques minutes auparavant, le directeur de la salle était venu nous demander de réserver un accueil triomphal à cet acteur rare, mais j’imagine mal qu’il ait fallu ces mots pour que tous les spectateurs venus assister à cette avant-première aient eu envie d’acclamer celui qui, ces treize dernières années, s’est érigé parmi les acteurs les plus talentueux du cinéma américain. Des acteurs se lançant dans la réalisation, il y a en a eu dans l’histoire de ce cinéma, justement. Et contre toute attente, la plupart du temps, les comédiens se révèlent souvent excellents derrière la caméra. De Charles Laughton à Ben Affleck, la liste est longue, qu’ils n’en aient réalisé qu’un ou qu’ils soient devenus cinéastes à part entière, les acteurs réservent généralement de belles surprises de l’autre côté de la caméra.
Ce qui surprend le plus de la part d’Hoffman, c’est que son film flotte dans la mélancolie, dans cette atmosphère spleen que l’on est plus habitué à voir dans des films de trentenaires à la Garden State que dans des histoires de couples quadra se faisant ou se défaisant sous la neige new-yorkaise. Rendez-vous l’été prochain raconte deux couples, l’un établi mais prêt à tanguer, l’autre en devenir mais avançant avec timidité. Les premiers aident les seconds à se trouver alors qu’eux-mêmes ont du mal à gérer leurs propres problèmes.
Hoffman interprète lui-même le personnage central de Jack, quadra tendre et timide, passionné de reggae insatisfait comme son meilleur ami de sa petite vie, œuvrant à lâcher son job de chauffeur et à trouver le grand amour en la personne de Connie, qui elle-même a bien du mal à aller vers les hommes. Pour la séduire, Jack décide d’apprendre à cuisiner et à nager, pour l’emmener faire une balade en bateau lorsque l’été viendra. Si Hoffman ne montre pas l’assurance dont certains de ses compères acteurs ont pu faire preuve en réalisant leur premier long, il affiche une sincérité séduisante. Il s’entoure d’une petite troupe de comédiens pour des joutes verbales bien senties tout en laissant un doux sentiment parcourir l’échine de son film, grâce à des images posées, grâce à une bande-son réjouissante, grâce à une simplicité et une émotion qui transparaissent. Grâce à une fin abrupte et délicate qui affirme une voix singulière dans le genre.
(P.S. : le film sort le 29 décembre !)