De quelques images du passé.

Publié le 14 décembre 2010 par Arsobispo

Le daguerréotype apparaît en 1835. Ce premier procédé de photographie, issu des travaux de Nicéphore Niepce et de Louis Jacques Mandé Daguerre, permet l’obtention d’un positif direct sur plaque de cuivre argentée. C’est une révolution bien qu’il ne permette pas la reproduction de masse.

Deux ans plus tard, William Henry Fox Talbot dépose le brevet du calotype (du grec kalos, beau et typos, impression) qui permet quant à lui d’obtenir directement un négatif papier. La reproduction des images positives par simple tirage contact est alors possible. Mais l’existence du brevet de Talbot est une erreur qui nuira à sa diffusion et donc à sa viabilité. Toutefois, bon nombre de photographes vont l’utiliser notamment lorsque leurs desseins étaient de diffuser leurs travaux dans la presse ou l’édition.

La Bibliothèque Nationale, rue de Richelieu à Paris, présente un grand nombre de ses calotypes (négatifs originaux) ou des reproductions en positifs. Près de 200 photographies sont présentées. On y retrouve les œuvres de grands photographes du XIXe siècle tels que Charles Nègre, Edouard Baldus, Gustave Le Grey. Des artistes sont impressionnés par la qualité des images et s’approprient le procédé : Hugo (le frère de Victor), Bartholdi ou même Delacroix qui voit là un moyen simple de procéder à des esquisses en vue de l’élaboration de ses tableaux.

Des industriels aussi, qui comprennent l’influence de cette invention dans le monde de l’édition et notamment le Duc de Bassamo. Des institutions, enfin, qui comprennent l’apport du calotype - et plus généralement de la photographie - dans les domaines de l’art, de l’architecture, des affaires militaires ou de l’archéologie. C’est grâce notamment à ces dernières qui mandatent des photographes sur de grands chantiers ou des missions de recensement. Ainsi, pendant l’été 1851, Gustave Le Gray (1820-1884) et Auguste Mestral (1812-1884) partent sur les routes de France en mission héliographiques. C’est pour nous, l’occasion de voir quelques châteaux de la Loire ou l’état des murailles de Carcassonne avant la restauration de Viollet Le Duc. C’est d’ailleurs d’après ces photographies que Viollet Le Duc prépara son chantier.

Plus loin, les quartiers de Paris avant les percées des boulevards par le Baron Haussmann. Dans le domaine de l’art, quelques calotypes de modèles féminins et masculins d’Eugène Durieu (1800-1874) qu’il réalise et en sa présence, pour Delacroix.

Malheureusement, le maître n’y figure pas. Par contre, nous rencontrons Camille Corot, dans un portrait que réalise Adelbert Cuvelier (1812-1871) à Arras.

Mais les plus beaux sont sans conteste ceux de Charles Nègre, et l’on comprend pourquoi il reste encore présent dans la mémoire de ceux qui s’intéressent à la photographie.

Je terminerai par cette passion - que je partage d’ailleurs - qui semble s’étendre dans les milieux de la culture sur l’apport de ces pionniers de la photographie. On se souvient de l’ampleur qu’a prise dans le monde littéraire la découverte d’une nouvelle photographie de Rimbaud. Il est d’ailleurs possible que le portrait d’Alfred de Musset - que dévoile le nouveau livre que Gonzague Saint-Bris lui consacre - aura tout autant de notoriété.. Quoique ?