La short-list du ballon d'Or FIFA : un réquisitoire contre le principe même de cette récompense

Publié le 13 décembre 2010 par Atango

Le 6 décembre 2010, les instances de la FIFA ont publié la liste des trois finalistes du Ballon d'Or 2010 : le titre reviendra soit à Lionel Messi, soit à Xavi Hernandez, soit encore à Andrés Iniesta. Les fans des autres nominés sont évidemment déçus, mais aucun vrai connaisseur du football ne peut nier que ces trois joueurs font partie de la crème actuelle du ballon rond sur la planète. Néanmoins, pour l'analyste attentif, le fait que Messi, Xavi et Iniesta jouent tous les trois au FC Barcelone est tout sauf anodin.

Il existe à l'heure actuelle un très large consensus sur le fait que le Barça est la meilleure équipe de football sur la planète. Personnellement, j'estime que le groupe actuel est simplement le meilleur de toute l'histoire du ballon rond. Pour ceux qui en douteraient (et pour ceux qui reviendraient d'un séjour prolongé sur la planète mars), il suffit de s'installer dix minutes, pas plus, devant un match joué par l'équipe de Pep Guardiola.

Le schéma tactique, les mouvements des joueurs, les passes, une technique hors norme, une forme physique irréprochable et une hargne, un engagement féroce permettent à ce groupe de régaler les spectateurs et de torturer interminablement n'importe lequel de ses adversaires. Osons même dire que le Barça de 2010 est plus fort que celui qui réalisa en 2009 un triplé historique avec dans ses rangs un certain Samuel Eto'o. A vrai dire, nul groupe n'a jamais autant mérité le nom d'équipe que le Barça actuel.

Les Catalans étaient déjà connus pour leur extraordinaire capacité à faire circuler le ballon. Cette saison, ils sont simplement comme liés les uns aux autres par un fil invisible. Le mouvement coordonné, voilà la principale force des hommes de Guardiola, voilà l'ADN de leur identité, voilà le secret qui leur a permis de transformer le football en une symphonie merveilleuse pour nos yeux, et ô combien cruelle pour leurs adversaires, qui bien souvent se laissent fasciner avant de se faire massacrer.

Disons clairement que le principe même du Ballon d'Or, basé sur la distinction d'un individu parmi d'autres, est en contradiction frontale avec l'esprit du football, qui est sans doute le roi des sports d'équipe. De ce point de vue et quoi qu'on puisse en dire, la FIFA, cette année, ne récompensera pas la meilleure performance individuelle, mais le représentant de la meilleure équipe du globe.

Cela aurait été vrai si un joueur du FC Barcelone avait été couronné parmi trois joueurs issus d'équipes différentes. Cela est encore plus flagrant dans la configuration actuelle. Cette récompense supposée individuelle a en effet boudé un certain nombre de joueurs qui ont, à titre individuel justement, réalisé des performances exceptionnelles. Je pense évidemment à Samuel Eto'o, qui a révélé une force mentale extraordinaire, et fait preuve d'un esprit de sacrifice admirable. Parti du Barça dans des conditions pour le moins éprouvantes, il a réalisé l'exploit de remporter, au sein d'une équipe à l'esprit et au style de jeu radicalement différents, une performance inédite : un deuxième triplé consécutif.

Je suis prêt à parier que ni Messi, ni Iniesta, ni Xavi ne pourraient réaliser leurs performances actuelles ailleurs que dans le système Barça.

En outre, pour rester logique, la FIFA devrait simplement désigner ces trois joueurs vainqueurs ex aequo, car j'ai du mal à imaginer sur la base de quels critères ils vont les distinguer. La victoire de l'un sera forcément une injustice pour les deux autres.

Heureusement, les amoureux du spectacle sont tranquilles : il en faut de beaucoup pour que cette concurrence se transforme en rivalité et ne remette en question l'annus mirabilis qui s'annonce pour les Catalans en cette saison 2010-2011.

En vidéo : une analyse sur le jeu du Barça


La séance tactique des Cahiers du Foot : le Barça