La hiérarchie sociale apparaît à tous les niveaux : ouvrier et patron, employé et cadre, manœuvre et contremaître. Mais j’ignorais que cette hiérarchie sociale put être dans les choses. Sous la ceinture, pour le dire carrément.
Des indications de tour de poitrine et de tour de ceinture accompagnent, avec un humour totalement inconscient, ces appellations contrôlées. Ainsi l’« homme » n’est-il considéré comme tel qu’à partir d’un tour de poitrine de 90 cm ; en-dessous on n’est que « page ». Le « patron » doit être doté d’un tour de poitrine de 110 et le « grand patron » d’un tour de poitrine minimum de 120 cm ! On se croirait chez les singes qui enflent leurs épaules pour impressionner les jeunes. Quant au tour de ceinture, il passe du maigre chimpanzé au gorille bien nourri, de 75 cm pour le « page » à 110 cm pour le « grand patron ».
L’image, en tout cas, décrit l’archétype inconscient de la puissance qui a ses racines dans notre passé primate. Le plus grand, le plus large de poitrine, le plus lourd car le mieux nourri, terrassait plus facilement ses adversaires. Il imposait donc sa loi aux plus jeunes et à ses rivaux plus frêles. Il accaparait les bonnes femelles et leur faisait plus de petits qui deviendraient grands et forts comme lui, le slip bien rempli. Le signe de la puissance serait avant tout la grosseur du sexe mâle, même dans notre société civilisée du XXe siècle !
Peut-être parce que cela semblait en effet ridicule, a-t-on remplacé ces dénominations européennes par des lettres américaines, allant de S à XXL ? Le « small » du S étant réservé aux prime adolescents, passant ensuite au L « large » du très jeune homme, ce qui conforte son ego, au XL de l’homme adulte, le XXL (voire plus), étant réservés aux obèses – sans les stigmatiser.