La profession infirmière est souvent la grande muette de l'hôpital. Il faut bien reconnaître que ce sont les médecins qui occupent l'espace médiatique : avancées scientifiques ou débats politiques, ils sont sur tous les fronts. Dans notre volonté de partager une information aussi diverse que possible sur l'hôpital français, voici donc le portrait d'un infirmier, publié cette semaine sur ActuSoins.
Boris est infirmier anesthésiste diplômé d’état. Passionné par son métier, il mène de front plusieurs activités professionnelles sans jamais négliger la qualité de son travail. Son objectif : apprendre, transmettre et soigner encore et toujours davantage.
Boris Martin le Pladec - © M.S.
Working boy
En arrivant en moto, sur le lieu de rendez-vous, Boris Martin Le Pladec, 29 ans, laissait déjà présager d’un tempérament actif. Quelques phrases d’échange suffiront à confirmer cette première impression. « J’ai la chance de pouvoir faire plein de choses différentes », déclare-il pour se définir. Et c’est le moins que l’on puisse dire.
Boris travaille à plein temps à Lariboisière, tantôt au bloc, tantôt au SMUR. Le week-end, sur son temps libre, il assure des gardes en ambulance de réanimation pour les pompiers de Paris. Récemment, il est allé bénévolement en Afghanistan, au service d’une ONG marseillaise, pour participer à la réhabilitation d’un bloc opératoire et s’apprête maintenant à partir au Bangladesh, sur un bateau itinérant dont l’équipage opère à bord.
Inscrit à l’EPRUS*, il est également réserviste sanitaire pour le ministère de la santé et le ministère des affaires étrangères. C’est ainsi qu’il a assisté en Janvier dernier en Haïti, les interventions chirurgicales des victimes du tremblement de terre. « C’est comme un échange. J’apporte mon savoir-faire, et en retour, je me nourris de ces expériences. Chacune d’elles m’apporte un plus dans mon métier», sourit-il. C’est en toute modestie et très simplement, que Boris explique ses choix. « Je me sens proche des institutions et j’ai beaucoup de respect envers le service public. Je suis fier de porter une tenue AP-HP au quotidien. Je suis fier aussi, dans le cadre de l’Eprus, d’utiliser mes connaissances au service de l’Etat. C’est vraiment symbolique pour moi ».
« J’aime bouger et affronter certains défis », ajoute-il. Son parcours en atteste. A 19 ans, il part de son sud-ouest natal pour suivre des études en Belgique, « afin de voir du pays ». Une fois diplômé, il prend un aller pour la Guyane et y trouve un poste en néonatologie, « afin de démystifier la prise en charge difficile des nourrissons ». De retour, il fait fonction d’IBODE, « pour apprendre une autre facette du métier », puis suit sa formation d’IADE au Luxembourg, avec une partie des cours scientifiques en allemand, « pour pimenter le contenu », se souvient-il en riant.
Infirmier anesthésiste dans l’âme
Boris est certes un touche à tout . Néanmoins, ses compétences principales sont maintenant l’anesthésie et l’urgence pré-hospitalière. Pour lui, il est important que chacun soit conscient de ses propres limites et se positionne à sa juste place. « C’est ce qui permet une complémentarité efficace entre les différents protagonistes des soins », estime-il. Du fait de sa spécialisation, il travaille plutôt en amont des soins, en phase aiguë. « Par exemple, en Haïti, au début, les besoins infirmiers concernaient plutôt les IADE, car il fallait intervenir chirurgicalement, donc trouver des infirmiers compétents et correspondants à cette nécessité. Je suis parti. Maintenant, avec l’épidémie de choléra qui sévit, le problème n’est plus d’ordre chirurgical mais médical. Les patients souffrent de déshydratation, et les premiers touchés sont les enfants. L’EPRUS, qui sait très bien tirer profit de chaque qualification envoie donc à présent plutôt des puéricultrices et des pédiatres ».
Porté sur le problème actuel de reconnaissance des infirmiers anesthésistes, Boris estime que l’ « anesthésie ne s’improvise pas » et qu’il ne faut pas prendre à la légère cette spécialisation. « Quand on suit la formation de deux ans, on se demande comment on a fait pour exercer sans ces connaissances avant », sourit-il. Autour de Boris, les réactions sont nombreuses. « C’est un très bon infirmier, qui, de plus, s’avère être extrêmement pédagogue. Il a la communication dans la peau.», déclare Nicolas Brichet, responsable formation de l’EPRUS.
Cette aisance pourrait d’ailleurs lui ouvrir bien des portes. « On me dit souvent que je finirai cadre, à gérer des équipes. J’avoue que cela m’attire, mais je ne suis pas prêt à changer de métier si je ne peux plus faire de terrain et être auprès des patients», admet Boris. Alors, pour le moment, il vit ses envies à deux cents à l’heure, sans renoncer à sa vie sociale.
Malika Surbled*EPRUS : Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires