L’idée d’utiliser du thorium au sein d’un réacteur nucléaire afin de produire une énergie propre et bon marché (car le Thorium est très répandu) date de 1993 et émane de Carlo Rubbia, physicien nucléaire, prix Nobel de physique et ancien directeur du CERN.
Le concept nommé “Rubbiatron” est “un type de réacteur nucléaire sous-critique dans lequel l’énergie cinétique de particules chargées est utilisée pour entretenir la réaction. Celle-ci produit suffisamment d’énergie pour approvisionner l’accélérateur de particules, ainsi qu’une plus-value énergétique.”
Ce processus possède de nombreux avantages comparé au processus de fission à base d’uranium, mais rencontre bien évidemment une résistance importante dont les axes principaux sont la “protection des acquis” de l’industrie nucléaire civile et militaire actuelle et (seul argument recevable) la complexité technique.
Du côté des avantages, on trouve la conception sous-critique faisant en sorte que la réaction s’arrête d’elle-même en cas d’accident, l’abondance et la capacité énergétique du thorium (200 fois plus que l’uranium, 3,5 million de fois la capacité du charbon…), très faible production de plutonium, déchets moins toxiques et à durée de vie plus courte.
La vidéo ci-dessus (en anglais) fait un point sur cette technologie et son manque d’acceptation au sein des politiques publiques.
Le brevet déposé par Carlo Rubbia a été acheté récemment par le groupe norvégien Aker Solutions dans le but de développer un réacteur (plus exactement, un accélérateur de protons) sur son site anglais, nommé Accelerator Driven Thorium Reactor prévu pour une mise en service commerciale vers 2025-2030.
Evidemment en France on préfère en rester à l’uranium, quitte à aller le chercher à la pointe du fusil. Bien sur il y a la fameuse fusion nucléaire avec ITER, mais dont les contraintes techniques sont telles qu’elle risque fort de rester très longtemps (minimum 50 ans) un gouffre financier sans aucune utilité en termes de production d’énergie. Au-delà de la question de la production en elle-même, la solution ADTR envisagée par Aker est de type compacte et permettrait la création d’un maillage de réacteurs de 600 MW situés sous terre donc très protégés et proches de utilisateurs.
Le 18 novembre 2010 le projet ADTR de Aker Solutions se vit décerner la Energy Award de IChemE (Institution of Chemical Engineers) pour le meilleur projet innovateur en matière d’énergie renouvelable, de sources alternatives et d’efficience.
Une présentation (pdf) du concept de Carlo Rubbia est disponible ici.
Billet en accès libre sur http://rhubarbe.net/blog/2010/12/07/thorium-pour-un-avenir-nucleaire-propre/