A propos de Les trois prochains jours de Paul Haggis 3 out of 5 stars
A Pittsburgh, John Brennan, son épouse Lara et leur fils vivent un bonheur sans faille jusqu’au jour où la police débarque brutalement chez eux et arrête Lara, suspectée de meurtre. Rapidement, la machine judiciaire s’emballe. Tous les éléments sont contre elle, tous les faits l’accablent. Lara, comme son avocat, n’arrivent à fournir aucune preuve de son innocence et elle prend perpétuité. Un seul homme est convaincu de son innocence. John, qui ne peut le démontrer. Il se met alors en tête de la faire évader…
C’est un bon polar sentimental que Les trois prochains jours, un film qui traine un peu en longueur sur la fin mais qui se laisse suivre avec un vrai plaisir. Le rythme soutenu de l’action, une mise en scène enlevée, assez de rebondissements dans le scénario et un suspense qui tient la route participent à la réussite du film de Paul Haggis.
Mais Les trois prochains jours, reprise du film Pour elle de Fred Cavayé, avec Vincent Lindon vaut surtout pour la présence au générique de Russell Crowe. Dans le rôle de John, il incarne à la fois un père bouleversant et un mari fou d’amour et prêt à tout pour sauver sa femme. Déchiré entre son fils et son épouse, Russell Crowe livre une prestation de haut vol.
Le regard de velours de l’acteur américain porte à la fois toute la douleur du monde mais aussi un amour et une tendresse infinis pour sa femme. On devrait toujours aller au cinéma pour voir un film où joue Russell Crowe. Mais la vraie question que pose Les trois prochains jours, c’est de savoir ce que nous ferions, confrontés à un système judiciaire arbitraire et une justice implacable.
Et le scénario original de Guillaume Lemans (Paul Haggis l’a retouché en rajoutant quelques scènes d’action) est habile, qui soulève des questions sans y répondre, sans tomber dans le moralisme ni la vengeance primaires. On pense à toutes les erreurs que la justice américaine a commise et commet chaque année en condamnant des innocents à la mort ou à la prison à perpétuité. Mais l’enjeu du film de Paul Haggis, comme celui de Fred Cavayé, n’est pas de dévoiler l’innocence ou la culpabilité de Lara (on ne le sait qu’à la dernière scène), mais de montrer plutôt ce qu’un honnête professeur d’université (John) est capable de faire par amour pour sa femme. En décidant d’enfreindre la loi et le système, John se transcende, devenant malgré lui un professionnel de l’évasion dans une des prisons les plus dures et les plus réputées pour son système de sécurité. Mais s’il n’a jamais douté de l’innocence de sa femme, c’est bien le seul.
Le réalisateur de Collision, à qui l’on doit des scénarios remarquables comme celui des derniers James Bond, Casino Royale et Quantum of Solace ou Million Dollar Baby de Clint Eastwood, livre une chute en forme de conclusion à la Match Point. Où chance et malchance sont sur la même corde raide. Et où pouvoir prouver l’innocence d’une personne ne tient qu’à un fil…