Le prise de poids pendant les traitements est souvent minimisée par les médecins et l’entourage. Que sont quelques kilos en trop face à un cancer? Pourtant elle est bien réelle et cette souffrance vient s’ajouter à celles de la maladie et de ses traitements. Les femmes, déjà confrontées à la perte de cheveux, de cils, des ongles, la fatigue, les nausées… doivent en plus trop souvent faire face à la prise de kilos supplémentaires si difficiles à supporter. Et ces derniers ont tendance à s’installer longtemps après les soins.
D’autre part, on sait que les patientes avec un IMC *(indice de masse corporelle) important, présentent un risque accru d’avoir un cancer du sein et que le surpoids et l’obésité sont associés à un moins bon pronostic. En moyenne, les femmes prennent entre 2,5 et 4 kg pendant les traitements mais certaines enregistrent une prise de poids bien plus importante et d’autres ne grossissent pas voire maigrissent… Nous ne sommes malheureusement pas toutes égales face aux kilos.
Mais pourquoi grossit-on ?
- L’anxiété, voire la dépression conduisent à une modification des habitudes alimentaires. On le sait bien, manger donne parfois l’impression de pouvoir mieux gérer le stress.
- De même la sédentarité forcée due à l’arrêt du travail et à l’inactivité physique ne sont pas favorables au maintien d’un poids correct. Rester à la maison, tourner en rond et voilà que le grignotage fait son apparition bien plus que lorsque nous étions coincées dans un bureau.
- Les traitements en eux-mêmes, chimiothérapie et hormonothérapie peuvent faire prendre du poids. Ce sont des effets secondaires reconnus des produits. Pour l’hormonothérapie, il semblerait que ce soit plus fréquent sous tamoxifène que sous anti-aromatases.
- La cortisone, bien souvent administrée pour pallier aux nausées induites par certaines chimio, est elle aussi, responsable de quelques kilos.
- Enfin la ménopause qui peut survenir après une chimiothérapie et/ou une hormonothérapie peut faire prendre du poids.
Alors que faire? Malheureusement pas de miracle sans un peu d’efforts
. Si pendant les traitements lourds, il est difficile de s’imaginer faire un régime, il est possible, et même conseillé de contrôler son poids, une fois les soins terminés. J’aurais effectivement tendance, à dire aux femmes en plein traitement : faites vous plaisir! Supporter les effets secondaires est bien assez dur pour ne pas s’imposer de contraintes supplémentaires : on se fait suffisamment violence pour en plus, avoir à se priver. Cet avis n’engage que moi et certains médecins préconisent de se surveiller dès le départ. Par contre, après, et même sous hormonothérapie, il est possible d’essayer de maigrir, mais sans tomber dans les excès. En effet, pas question de faire un régime hyper protéiné, type Ducan, ou un régime dissocié (tous deux, par ailleurs, très controversés). Manger sainement, s’astreindre à consommer des fruits et des légumes, baisser sa consommation de sucres et graisses, éviter le grignotage entre les repas, me semblent être des principes de base et plus faciles à mettre en pratique. L’idéal, si on le peut, et si l’on a du mal à se raisonner, est de consulter un nutritionniste qui va aider à évaluer les failles dans notre alimentation, nous épauler, et expliquer comment se concocter des repas parfaitement équilibrés. Il existe même des consultations dans certains hôpitaux. Mais, dans tous les cas, il ne faut pas être trop pressée : le corps a été soumis à rude épreuve, notre état psychologique n’est pas forcément au top immédiatement, et la vie ne redevient pas tout de suite celle d’avant. Se laisser du temps, prendre soin de soi font partie intégrante du processus de réappropriation de ce corps qui nous a fait défaut.Bien entendu, il faut, tout doucement, recommencer à faire un peu de sport, car, on le sait toutes, l’activité aide à réguler son poids. (Il est même recommandé de le faire pendant les traitements, mais ce n’est pas toujours facile : voir mon post « et si les malades faisaient du sport« ). Pas question de courir un marathon ou de se mettre à l’haltérophilie ; par contre, le yoga, le Qi qong, la marche ….sont facilement accessibles dès la reprise d’une vie normale. La peur du lymphoedème ne doit pas être un obstacle à cette reprise d’une activité physique. Il faut simplement être raisonnable et ne pas soumettre son bras à un effort trop important. En cas de sensation de douleur, de lourdeur, de simple gêne, il faut arrêter tout de suite et changer pour quelque chose de plus en adéquation avec ses possibilités du moment.
Je sais bien entendu, à quel point il est difficile de faire un régime. De même on se trouve souvent des tas d’excuses pour ne pas faire de sport. Prendre son temps, se faire aider, ne pas hésiter à considérer la perte de poids comme un traitement à part entière sont des pistes pour ménager tant sa santé que son équilibre psychologique.
Et vous quelle a été votre expérience?
Calcul de l’IMC : poids sur taille au carré. Il doit se situer entre 18 et 25