Posté par lediazec le 14 décembre 2010
Pour l'heure, en France, l'activité est tournée vers les présidentielles de 2012. Sarko est un des guerriers choisi par la finance pour revenir aux vieilles méthodes de la guerre de classe. En bon capitaine, il a tout donné pour satisfaire au bon vouloir de celle-ci au cours de ce premier et, espérons-le, dernier exercice. Or il semble vouloir remettre ça et il est à prévoir qu'il sortira de sa besace des leurres en daube pour séduire un électorat timoré. Une majorité des électeurs absorbera cela comme on gobe un œuf à la coque. Et si les choses ne se présentent pas trop mal, c'est reparti pour un second tour de vis qui verra le modèle français s'effondrer définitivement. Scénario catastrophe ? Oui, mais de plus en plus plausible.
A gauche, l'heure est aux mamours. Après la guerre, la paix. On se calme, besoin d'une pause. On respire un coup. Il ne se passe plus rien. Calme plat et bisous sont à l'ordre du jour. Et si quelques frictions éclatent de-ci, de-là, cela relève de l'escarmouche et de la bonne « santé démocratique » du parti. Au fond, un parti qui ne se frictionne pas n'est pas un parti démocratique claironnent tous ceux qui, à la moindre opportunité, vous enfoncent une dague bien sentie dans le cœur, au nom du principe établi de la fraternité. Le fait est que Martine Aubry, lors de la convention sur « l'égalité réelle », affirme que le PS a mis en place le « socle de son projet ». Ne riez pas, la chose est fort instructive : il existait au PS une égalité irréelle et je l'ignorais ! Désormais, on y ajoute un socle.
Après chaque débâcle, à gauche comme à droite, hop ! Refondation ! Le terme claque bien aux oreilles. A défaut de créer l'événement, on invente l'événementiel. C'est ainsi que sœur Martine Aubry nous l'annonce : « on ne s'engueule plus ». Du moins publiquement. Il faut savoir raison garder ! Preuve de cette soudaine et belle disposition au sein du premier parti de gauche, la réintégration des alliés « exclus » de Georges Frêche, mort en octobre dernier.
Pour résumer, pendant que François Hollande fait le touriste en Algérie, histoire de se bâtir une stature, Benoît Hamon, fort d'un look gentil garçon intelligent, nous résume l'ambiance générale sans sourciller : « La France est un puzzle en surface, il nous revient de recoudre ce puzzle, de le réunifier, et ce fil qui nous permettra de le faire, c'est l'égalité réelle » (?). Il est fort Frère Benoît !
Et à droite ? A droite on navigue à vue, demain est un autre jour, sans oublier de donner à chaque journée le poids d'une pensée misérable. Dans le doute, on prêche l'union sacrée ! On donne dans l'automatisme langagier, comme François Fillon qui, avec l'énergie du naufragé, martèle ses propos sans en être vraiment convaincu. Pour réveiller les troupes, divisées - et pas que depuis le remaniement -, il se présente comme un consensuel basique : « je n'ai de rivalité avec aucun d'entre vous et je ne suis l'interprète d'aucun clan : voilà pourquoi je serai toujours au service de cette analyse politique ». Quel pilote !
A la tête de l'UMP depuis le départ de Xavier Bertrand, Jean-François Copé, entre deux coups de canifs à l'endroit de son prédécesseur, lustre sa dague avec le feutre de son ambition, 2017. Or 2017 passe par la mort de Sarko en 2012. Comment donner le change quand plus personne n'ignore ses desseins dans la famille ?… Il fait semblant. Car faire semblant est un art chez les politiques. Il fait semblant d'être en colère contre Marine Le Pen, dont il fustige les propos sur les « prières de rues », tout en cherchant à relancer le débat sur l'identité nationale, car il pense que c'est un « grand débat, un débat nécessaire qu'il nous faudra immanquablement reprendre, c'est essentiel », avant d'enchaîner : « je pense que c'est un thème qu'il faudra reprendre pendant la campagne présidentielle ». Ben voyons !
Le ton est donné quant au type de campagne qu'on nous prépare du côté de la Sarkozie. Nous aurons d'un côté Marine Le Pen et ses affidés, de l'autre, Sarko, Copé et les brigades identitaires. Le Pen contre Le Pen ! Tout cela pendant 18 mois encore ! Quelle avancée politique en perspective !
Gaffe quand même, monsieur Copé, à ne pas perdre la tête dans ce jeu dangereux où plus malin que vous l'ont jadis abandonnée au pied du billot.
Quittons pour finir cet univers d'interlopes sans imagination et plongeons-nous dans celui, ô combien plus fécond, de l'imaginaire !