Un si petit mensonge, ou les indignations de M. Hortefeux.

Publié le 12 décembre 2010 par Artemisia72

Monsieur Hortefeux est indigné. Monsieur Hortefeux n'en revient pas.

Comment ? Le tribunal de Bobigny a osé condamner à de la prison ferme des policiers qui avaient accusé à tort un automobiliste d'avoir renversé l'un des leurs ? Quelle horreur, vraiment !

Il est vrai que la victime, accusée à tort, ne risquait que la réclusion criminelle à perpétuité. Une peccadille.

Voilà un homme (curieux, d'ailleurs, on n'a jamais vu son visage à la télé, ni celui de ses proches. Pas comme quand un policier se fait descendre, ce qui est d'ailleurs infiniment regrettable. On nous présente alors ses enfants en larmes, ses parents éplorés... Là, rien. On ne saura même pas son nom), un homme, donc, qui n'a rien fait.

Et des policiers maladroits, qui ont renversé l'un des leurs avec leur voiture. Ce sont des choses qui arrivent.

Et qu'ont fait ces policiers, assermentés, tenus donc, par ce serment, de dire le vrai et le juste, ces policiers censés protéger les citoyens ?

Ils ont menti. Ils ont falsifié un procès-verbal. Ils ont délibérément envoyé un innocent en prison.

Ils ont fait en sorte qu'un innocent passe le reste de ses jours derrière des barreaux, privé de liberté, hurlant en vain qu'il n'y était pour rien. Sans que personne le croie. Pensez : des policiers !...

Ils ont fait en sorte qu'un innocent subisse, pour le reste de ses jours, la promiscuité avec de vrais criminels, la violence, le viol peut-être, le mitard... Pour rien. Et que, comme tant d'autres, il finisse peut-être par se suicider. Pour rien.

Ils ont fait en sorte que des parents doivent faire des kilomètres, peut-être, pour voir leur fils au parloir, et assister à son désespoir, à sa descente aux enfers. Pour rien.

Ils ont fait en sorte qu'une femme soit brutalement privée de son compagnon, que peut-être des enfants grandissent dans la honte, sans père. Pour rien.

Ils ont brisé une vie, des vies, comme ça, par lâcheté, par bêtise.

Ce n'est effectivement pas grand-chose. Une faute vénielle, pas même un assassinat. On comprend tout à fait que Monsieur Hortefeux, qui n'a pas eu un mot pour la victime, s'indigne que les coupables soient condamnés. Et qu'il ordonne au parquet de faire appel.

Il ferait beau voir, tout de même, que dans notre beau pays, on ne puisse plus envoyer des innocents mourir en prison ! D'ailleurs, qui sait, la victime était peut-être... auvergnate ?