Bjorn Lomborg est un statisticien danois qui s'est fait connaître d'abord en luttant au sein des climato-sceptiques (l'environnementaliste sceptique publié en France en 2004) avant de tourner sa veste en 2010. Il défend maintenant l'idée d'une "taxe carbone d'ouverture" d'un montant bien plus faible, dont le produit servirait à financer la recherche-développement. Prenons quelques extraits de son article dans le monde de janvier 2010.
"l'idée de taxer lourdement les émissions de carbone est inefficace pour arrêter le réchauffement climatique. Ce dont la France – et le monde – a besoin sont des énergies vertes plus pratiques et à prix abordables, et non pas du fioul hors de prix. Il n'y a qu'une seule manière d'obtenir cela : nous devons augmenter de façon radicale le montant dépensé pour la recherche et le développement d'énergies propres.
Imaginez ce que nous pourrions accomplir si, au lieu d'essayer de forcer la main à une planète qui obtient 80 % de son énergie du charbon, les leaders du monde entier décidaient de consacrer juste 0,2 % du PIB mondial – environ 70 milliards d'euros par an – à la recherche et au développement d'énergies alternatives. Cela pourrait changer la donne, et nous amener à des avancements technologiques qui nous feront profiter d'une énergie propre moins chère et nous mener vers un avenir sans émissions de carbone."
Cela ne vous rappelle rien? Cela ressemble étrangement aux idées que je défend sur ce blog depuis 3 ans, -les contributions incitatives- avec une différence de taille: Lomborg n'envisage qu'un seul usage pour l'argent récolté : la R&D
Les limites de cette politique, on les trouve exprimées par Olivier Danielo sur Objectif Terre:
Mais la stratégie de Lomborg est risquée car nul ne peut être certain que les coûts baisseront assez pour franchir le seuil de compétitivité rapidement. Or si on perd du temps, les prix des énergies fossiles vont monter et même si cette hausse sera favorable aux énergies renouvelables, cela va provoquer des crises sociales et politiques, contexte peu favorable à la construction d’une clean energy economy.
En d'autre terme, s'agir que sur un seul levier, celui de la recherche, n'est pas suffisant. N'existe-t-il pas d'autres leviers sur lesquels nous pouvons agir?
Outre celui de la R&D, j'en distingue deux autres :
-utiliser l'argent taxé pour investir dans des usines et des unités de production (investissement industriel)
-utiliser l'argent récolté pour subventionner l'achat de matériels décarbonés (voiture électrique, éoliennes, etc...)
Pour éviter les risques de saupoudrages et de détournement, j'estime que la redistribution doit se faire par secteur précis, de manière concertée. J'estime donc nécessaire de passer du concept de taxe carbone généraliste et imprécis à celui de contributions incitatives compartimentées et aux usages négociées avec les acteurs concernés.
J'estime nécessaire de travailler les trois usages ensembles : il faut d'abord utiliser la taxe pour financer la recherche puis pour investir dans l'industrie, enfin pour subventionner l'achat de matériels par les entreprises et les particuliers.
Pour aller plus loin:
La fiscalité environnementale doit contribuer à l'égalité républicaine
Quelle fiscalité verte dans la perspective de
2012?