Le combat des retraites ne paraissait pas être une priorité pour une jeunesse déjà gravement touchés par la crise économique, la précarité sur le marché du travail et le logement. Mais pourquoi la question des retraites intéressait-elle les jeunes autant que les séniors ? Nous dirigeons-nous vers une société de la précarité généralisée ? Ou au contraire devons-nous encourager les solidarités ?
Durant cette rentrée, nous avons assisté à plusieurs semaines de mobilisation où l’on a vu dans la rue, des salariés de tous âges, des séniors, et des jeunes (actifs, lycéens ou étudiants) rejoignant le mouvement progressivement. Pendant plusieurs années, les différents observateurs voyaient en la jeunesse, des personnes individualistes, plus intéressés par l’achat du nouvel Iphone 4 ou la télé-réalité, une jeunesse plutôt paresseuse et sans but. La réalité est toute autre. Nous pouvons le constater par la difficulté qu’ont les jeunes à avoir une place dans la société. Délaissés dans les banlieues, sans logement dans les grandes villes, précarisés sur le marché du travail avec près de 25% de chômage chez les 18/25 ans, les jeunes devraient plutôt être considéré comme une « génération sacrifiée ».
Le gouvernement actuel demande beaucoup d’efforts aux jeunes sans leur donner les moyens de satisfaire leurs besoins les plus élémentaires. La promesse d’un RSA jeunes vole en éclat lorsque que l’on regarde les critères d’un peu plus près, une infime partie peut y avoir droit. Il faut par exemple démontrer que l’on a travailler 3 ans de suite, ce qui n’est pas le cas pour tous.
Les jeunes et les séniors ont des situations similaires sur certains plans et notamment sur la question de leur place sur le marché du travail. Le taux de chômage des séniors, comme celui des jeunes, est un des plus élevés des pays les plus riches. Le taux d’emploi est de 39% pour la classe d’âge des 55-64. La France est classée dernier pays pour son taux d’emploi en Europe.
Écartons nous un instant de la question de l’obtention du revenu, et regardons l’utilisation de celui-ci pour ces 2 tranches d’âges. Un constat a été fait que les ménages de séniors, en 2006, avaient une consommation de 23% inférieure à la moyenne nationale, mais dirigée vers les besoins primaires (alimentation et santé notamment). Du côté des jeunes, la consommation est plutôt dirigée vers les dépenses de logement et plus encore pour les 25-29 ans, souvent moins bien rémunérés que leurs aînés. Leurs dépenses de logement peuvent être de l’ordre de la moitié de leur revenu disponible.
La question du revenu disponible faible chez ces 2 tranches d’âges fait parti des raisons qui les poussent à restreindre leurs dépenses, volontairement ou non.
Une théorie économique est actuellement très en vogue, c’est celle du revenu de base ou revenu citoyen. Plusieurs noms pour définir en fait un seul et même revenu qui serait le même tout au long de la vie pour tout le monde, que l’on soit nouveau né ou retraité, étudiant ou salarié.
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Quelques pistes de réflexion : l’échange de service, la formation des jeunes dans le travail avec les séniors et le temps partiel pour ces derniers. Cela demanderait à l’État d’investir beaucoup plus sur la formation tout au long de la vie (l’École, l’Université, la formation entre 2 emplois, …), de proposer aux entreprises plus de moments d’échanges et de formation mutuelle entre les nouveaux arrivants et les personnes proches de la retraite (cours d’informatique sur les nouveaux logiciels, l’historique d’une organisation, …). L’échange de service est une solution de solidarité qui est déjà localement mise en place indépendamment de la volonté de l’état via des monnaies sociales. Offrir du temps partiel à des séniors, notamment ceux qui ont un travail considéré comme pénible, pourrait leur permettre de concentrer leurs efforts sur la formation des nouvelles générations arrivées dans une entreprise et donc de faire grandir collectivement les projets de l’entreprise.
Un espoir aussi vient du fait que les jeunes sont de plus en plus engagés dans des causes, des associations et renouvellent par ailleurs la classe dirigeante bénévole des associations (selon une étude du Secours Populaire). Pourquoi pas en faire autant dans le monde du travail? Lorsque l’on offre une place à la jeunesse dans la société, cette même jeunesse peut l’utiliser pour de bonnes raisons et pour des fins utiles pour eux et pour les autres. Avoir une société portée en même temps sur le développement personnel dans un collectif ainsi que des interactions entre des générations différentes peut être une autre façon de voir les choses, plutôt que d’avoir des générations qui sont mises dos à dos.