Climat de confiance autour du réchauffement climatique

Publié le 13 décembre 2010 par Sequovia

Samedi 11 décembre se sont clôturées les négociations de Cancun. Si les avancées ont été timides avec la ratification d’un accord prévoyant quelques mesures dont la création d’un fonds vert pour venir en aide aux pays en développement, elles auront au moins permis de restaurer un  climat de confiance pour les négociations à venir.

  • Retour sur les négociations

Le sommet de Cancun orchestré par la costaricaine Christina Figueres a constitué la 16ème Conférence des parties sur le Climat, dont l’objectif principal était de prolonger le protocole de Kyoto après 2012. En effet, le protocole de Kyoto doit prendre fin en 2012, ce sont donc les règles pour 2013-2020 qui devaient être fixées.
194 nations étaient représentées lors des négociations, cette fois-ci, ce sont les ministres de l’environnement qui ont fait le déplacement et non les Chefs d’Etat.

  • Les événements phares des négociations

Un pas dans le bon sens pour la Chine
Tout d’abord, la Chine a fait un pas sur la question controversée de la transparence des engagements en termes d’émissions de CO2, sujet qui jusque là soulevait bien des animosités entre les deux plus gros pollueurs mondiaux : les Etats Unis et la Chine. « La Chine est prête à partager avec le monde et nous souhaitons adopter une attitude transparente et ouverte« , a déclaré le principal négociateur chinois et vice-président de National Development and Reform Commission (NDRC), Xie Zhenhua ,estimant que les divergences entre les Etats « s’amenuisent« .

La création d’un fonds pour soutenir le développement de marchés carbone
La Banque Mondiale a annoncé la création d’un fonds pour soutenir l’émergence de marchés carbone dans les pays en développement, fonds qui pourrait atteindre 100 milliards de dollars. « Nous lançons ce partenariat pour permettre un échange d’informations mais aussi apporter un soutien financier« , a expliqué Robert Zoellick, président de la BM, au cours d’une conférence de presse en marge des négociations internationales sur le climat sous l’égide de l’Onu.
Ce partenariat entre la BM et les pays émergents devrait être opérationnel dès le début 2011. Il cherchera à développer des instruments comme les marchés des quotas mis en place par l’Union Européenne, ou le marché international de projets à l’image de ceux instauré  dans le cadre du protocole de Kyoto (mécanismes de développement propre-MDP). Les mécanismes de développement propre encouragent les industries des pays du Nord à investir dans des projets verts dans les pays du Sud pour compenser une partie de leurs émissions de gaz à effet de serre.
La Chine pourrait être intéressée par un tel dispositif : Xie Zhenhua, a souligné que la Chine avait l’intention « d’étudier la faisabilité » d’un système de quotas d’émissions et jugé que l’initiative de la BM représentait un soutien bienvenu.

L’Australie, la Commission Européenne, les Etats-Unis et la Norvège ont déjà fait des promesses de dons à la Banque Mondiale pour encourager le projet, à hauteur de 10 milliards de dollars pour la première et de 5 milliards pour les autres.

  • La principale mesure adoptée 

Les négociateurs ont adopté samedi 11 décembre un texte comprenant certaines mesures pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Il s’agit notamment de créer un Fonds Vert pour aider les pays en développement. Si le texte est relativement peu ambitieux, beaucoup le considère comme « historique » suite aux échecs des dernières conférences, et notamment celui de Copenhague.
Comme l’a souligné la ministre mexicaine des affaires étrangères, Patricia Espinosa, cet accord de Cancun a joué un rôle primordial en ouvrant « une nouvelle ère pour la coopération internationale sur le changement climatique. » Pour la représentante française Nathalie  Kosciusko-Morizet, « on sauve de la faillite le système multilatéral de négociations sur le changement climatique« . Et d’ajouter : « L’accord obtenu comporte des avancées concrètes notamment en matière de lutte contre la déforestation, de transfert de technologies et de financement. Il lance une vraie dynamique en vue de la conférence de Durban l’année prochaine« .
L’accord a été adopté à une très large majorité puisque seule la Bolivie ne l’a pas ratifié. Même les Etats-Unis ont affiché une certaine satisfaction, bien que tempérée. Ainsi Todd Stern  est optimiste : « Je crois que c’est une chose positive de voir un accord mondial, incluant toutes les grandes économies ». Néanmoins, David Cameron, premier ministre britannique garde la tête sur les épaules puisque « beaucoup de travail reste à faire avant la prochaine conférence sur le climat en Afrique du sud l’an prochain« .

  • L’après Kyoto

Les nations réunies à Cancun ont choisi de reconduire jusqu’à 2011 l’application de l’accord de Kyoto, le seul accord contraignant à ce jour. En effet, les négociations sur la suite à apporter à cet accord ne se feront que l’année prochaine. Il n’est donc pas dit qu’un engagement soit pris lorsque l’accord arrivera à son terme, soit courant 2012. De nombreux pays ont même prévenu qu’ils ne renouvelleraient pas leur ratification souhaitant l’engagement de certaines nations, à savoir la Chine, l’Inde et les Etats-Unis.

  • L’avis Sequovia

Le Sommet de Cancun aura au moins permis de sauver la face des négociations multilatérales, qui ne sembleraient plus totalement vouées à l’échec. L’espoir pourrait être revenu quant à la possibilité de trouver un accord engageant et contraignant pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Affaire à suivre l’année prochaine à Durban, en Afrique du Sud. En attendant, il n’est pas question de se tourner les pouces, les actions locales contre le dérèglement climatique doivent se poursuivre.

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